Une réponse aux urgences écologiques
L’agriculture conventionnelle repose encore majoritairement sur l’usage massif de produits phytosanitaires de synthèse, d’engrais azotés et sur des méthodes intensives qui appauvrissent les sols, polluent l’eau et participent à l’érosion de la biodiversité. En opposition, l’agriculture biologique bannit les pesticides de synthèse, limite les intrants chimiques et favorise les rotations culturales, la fertilisation naturelle et la préservation des haies et prairies.
Ce modèle permet ainsi de réduire la pollution des nappes phréatiques, de limiter les émissions de gaz à effet de serre et de restaurer la vie dans les sols. Selon l’Institut de recherche de l’agriculture biologique (FiBL), les sols biologiques stockent davantage de carbone et résistent mieux à l’érosion. La biodiversité y est également plus riche : oiseaux, insectes, vers de terre, tous y trouvent refuge. À l’heure où le dérèglement climatique menace nos systèmes alimentaires, l’agriculture bio offre donc des garanties de résilience qu’il est urgent de considérer à leur juste valeur.
Une alimentation plus saine
Au-delà des enjeux environnementaux, les préoccupations de santé publique jouent un rôle majeur dans l’intérêt croissant des consommateurs pour le bio. De nombreuses études, dont celles publiées par l’INSERM, ont mis en évidence un lien entre l’exposition aux pesticides et certaines pathologies graves : cancers, maladies neurodégénératives ou encore troubles hormonaux.
En consommant bio, on réduit significativement l’ingestion de résidus chimiques, présents dans les fruits, légumes, céréales et produits animaux issus de l’agriculture conventionnelle. Le bio, ce n’est pas seulement « sans pesticides » : c’est aussi une alimentation souvent plus riche en nutriments. Certaines recherches indiquent que les produits bio contiennent davantage d’antioxydants, de vitamines et de bons acides gras.
Alors que les maladies chroniques explosent, miser sur une alimentation biologique constitue un levier essentiel de prévention. C’est également un moyen de répondre à une demande sociétale croissante de transparence et de qualité dans l’assiette.
Une économie locale à relancer
Contrairement à certaines idées reçues, l’agriculture biologique peut aussi être un moteur de dynamisme économique, notamment en milieu rural. Elle crée en moyenne 20 à 30 % d’emplois en plus par hectare que l’agriculture conventionnelle. Pourquoi ? Parce qu’elle est plus exigeante en main-d’œuvre, notamment pour le désherbage, les rotations ou les soins aux animaux.
En soutenant le bio, on favorise donc l’installation de nouveaux agriculteurs, la relocalisation des filières alimentaires et le développement de circuits courts. De nombreuses régions françaises ont vu des territoires revitalisés grâce à l’installation de fermes bio, de transformateurs et de magasins spécialisés.
Par ailleurs, à long terme, les coûts pour la collectivité sont moindres. Moins de pollution, moins de dépenses de dépollution de l’eau, moins de coûts de santé liés à l’exposition aux pesticides : autant de bénéfices collectifs rarement intégrés dans les comparaisons entre agriculture bio et conventionnelle. Une politique ambitieuse en faveur du bio pourrait ainsi permettre une meilleure utilisation des fonds publics.
Des freins à lever pour accélérer la transition
Malgré ses nombreux avantages, l’agriculture biologique reste minoritaire en France, représentant un peu plus de 10 % des surfaces agricoles en 2024. Le ralentissement récent de la consommation, en partie lié à l’inflation, met en difficulté de nombreux producteurs bio. Pourtant, ce modèle ne pourra décoller durablement sans un soutien renforcé des pouvoirs publics et une mobilisation citoyenne.
Il est indispensable d’agir sur plusieurs leviers : éduquer les consommateurs dès le plus jeune âge, inciter les collectivités à intégrer le bio dans la restauration scolaire et hospitalière, mieux rémunérer les agriculteurs engagés dans des pratiques vertueuses, accompagner financièrement les conversions, et investir dans la recherche dédiée au bio.
Il faut également repenser la fiscalité et les aides agricoles pour qu’elles reflètent les véritables impacts environnementaux des différents systèmes. Aujourd’hui, un agriculteur biologique est souvent pénalisé, alors qu’il rend des services écologiques à la collectivité. Une aberration qu’il est urgent de corriger.
Une responsabilité collective
Miser sur l’agriculture biologique n’est pas seulement une affaire d’agriculteurs ou de consommateurs avertis. C’est un choix de société. Un choix qui concerne l’avenir de notre santé, de nos sols, de notre eau, de nos paysages. Un choix qui suppose que chacun – citoyens, élus, entreprises – prenne part à la transition.
C’est aussi une question de souveraineté alimentaire. Car un pays qui investit dans une agriculture durable, capable de nourrir sa population tout en respectant son environnement, est un pays qui construit sa résilience pour demain.
Face aux crises climatiques, sanitaires et économiques, le bio n’est pas une utopie. C’est une nécessité. Et plus que jamais, il est temps de miser sur lui.