Un avis consultatif de la CIJ sur ces sujets est attendu en 2025. Bien que cet avis ne soit pas juridiquement contraignant, il pourrait devenir une référence dans les litiges liés au climat à travers le monde.
Un débat autour des responsabilités climatiques
Pendant deux semaines d’audiences, deux camps se sont affrontés. D’un côté, les pays riches du Nord ont insisté pour que les traités climatiques actuels, comme l’Accord de Paris, servent de cadre pour définir les responsabilités des États. Ces accords, largement non contraignants, sont perçus par ces nations comme suffisants.
De l’autre côté, les pays en développement et les petites nations insulaires, comme le Vanuatu, ont plaidé pour des mesures plus strictes. Ces États, qui subissent déjà les effets du réchauffement climatique, réclament des engagements concrets pour réduire les émissions et un soutien financier clair de la part des nations polluantes.
Un Accord de Paris insuffisant ?
« Nous avons beaucoup entendu parler de l’Accord de Paris comme étant la solution, mais si les États vulnérables au climat se tournent vers la Cour, c’est parce que cet accord a échoué », a déclaré Payam Akhavan, avocat des petites nations insulaires. Il a rappelé que les prévisions actuelles indiquent une hausse des températures mondiales pouvant atteindre 3 °C d’ici 2100, bien au-delà de l’objectif de 1,5 °C fixé par l’Accord de Paris.
Près de 100 États et organisations ont participé à ces audiences, un effort collectif initié par des nations insulaires comme le Vanuatu, qui ont convaincu l’Assemblée générale des Nations unies de solliciter cet avis consultatif.
Un avis à portée mondiale
Les opinions de la CIJ, bien que non contraignantes, possèdent un poids juridique et politique significatif. « Le pouvoir d’un avis de la CIJ ne réside pas uniquement dans son application directe, mais dans le message clair et les orientations qu’il envoie aux nombreux tribunaux dans le monde », a souligné Nikki Reisch, directrice du programme Climat et Énergie au Centre pour le droit international de l’environnement.
Cet avis pourrait influencer des litiges climatiques dans des juridictions aussi diverses que l’Europe, l’Amérique latine et au-delà, en établissant un précédent sur la responsabilité des États face à l’urgence climatique.
La défense des grandes puissances
Au cours des audiences, le Vanuatu a ouvert les débats en demandant aux juges de reconnaître les torts causés par le changement climatique et de les réparer. Cependant, des grandes puissances comme les États-Unis, la Chine et l’Arabie saoudite, ainsi que plusieurs pays européens, ont insisté pour que les mécanismes actuels des négociations climatiques, bien qu’imparfaits et non contraignants, continuent de guider les actions internationales.
« La Chine espère que la Cour défendra les mécanismes des négociations climatiques de l’ONU comme principal canal pour la gouvernance climatique mondiale », a déclaré Ma Xinmin, conseiller juridique au ministère chinois des Affaires étrangères.
Un avenir incertain pour les contributions climatiques
Dans le cadre de l’Accord de Paris, les pays doivent mettre à jour leurs contributions déterminées au niveau national (NDC) tous les quelques années. Ces plans, bien que non contraignants, sont censés démontrer une ambition accrue pour limiter le réchauffement à 1,5 °C. La prochaine mise à jour est attendue pour février 2025.
Cependant, certains pays, comme l’Arabie saoudite, insistent sur le fait que ces engagements représentent une obligation de moyens, et non de résultats. Cette position inquiète ceux qui militent pour des règles contraignantes visant à réduire l’utilisation des combustibles fossiles.
Un verdict attendu avec impatience
Alors que les nations insulaires espèrent une reconnaissance claire des responsabilités des grandes puissances, le débat autour des obligations climatiques reste complexe et polarisé. L’avis consultatif de la CIJ, attendu pour 2025, pourrait devenir une pierre angulaire dans la lutte mondiale contre le changement climatique.