L’IA face au défi climatique

L’IA face au défi climatique
Alors que l'intelligence artificielle se développe à un rythme effréné, son impact environnemental inquiète de plus en plus. Google a récemment révélé une hausse de 48 % de ses émissions de gaz à effet de serre depuis 2019, due en grande partie à la consommation d’énergie de l’IA. Si certains envisagent des solutions pour réduire cet impact, d'autres s'interrogent sur la nécessité d'un tel développement technologique dans un contexte de crise climatique.

Une consommation énergétique en plein essor

L’essor de l’intelligence artificielle (IA) ne s’accompagne pas seulement d’innovations technologiques, mais aussi d’une augmentation significative de la consommation énergétique. « On a vu l’IA comme une solution miracle, mais elle génère des consommations d’eau et d’énergie à des niveaux records », déclare Caroline Gans-Combe, économiste et professeure associée à l’INSEEC. La production d’énergie nécessaire pour soutenir les calculs massifs des IA a un coût écologique élevé. À titre d’exemple, la consommation électrique des « data centers » pourrait doubler d’ici 2026, selon l’Agence Internationale de l’Énergie (AIE). De plus, une seule requête sur ChatGPT consomme dix fois plus d’énergie que la même requête sur un moteur de recherche classique. « Le besoin de calcul informatique pour l’IA a été multiplié par un million en six ans et il décuple chaque année », a admis Sundar Pichai, PDG de Google, en mai dernier.

Un bilan carbone qui s’aggrave

Cette explosion de la consommation d’énergie a des répercussions directes sur le bilan carbone des géants de la tech. Google a ainsi constaté une augmentation de 48 % de ses émissions de gaz à effet de serre depuis 2019. Un constat préoccupant, alors même que l’entreprise s’était engagée à réduire de moitié ses émissions d’ici 2030. « L’objectif de décarbonation, tant au niveau des pays que des entreprises, en prend un coup », souligne Sasha Luccioni, spécialiste des questions énergétiques pour la plateforme Hugging Face. D’autres entreprises, telles que Microsoft et Amazon, suivent une trajectoire similaire : leurs émissions ont respectivement augmenté de 23 % et 30 % au cours des trois dernières années. En parallèle, la construction de nouveaux « data centers » pour répondre à la demande croissante en puissance de calcul contribue à cette envolée des émissions. Microsoft a par exemple reconnu que ses émissions indirectes de CO2 avaient augmenté de 30 % en 2023, en grande partie à cause de la construction de nouvelles infrastructures.

Vers une sobriété numérique ?

Face à ces défis, certains experts plaident pour une IA plus sobre. « Il faut penser l’IA dans un processus économique d’ensemble, mesurer ce qu’elle apporte en réduction de certaines ressources, et en consommation ailleurs », explique Caroline Gans-Combe. Des modèles de sobriété émergent, cherchant à optimiser les calculs pour minimiser la consommation énergétique par recherche. Toutefois, la question demeure : l’IA doit-elle être omniprésente ? « A-t-on vraiment besoin de l’IA générative partout ? », s’interroge Sasha Luccioni. Pour elle, la sobriété passe aussi par un usage raisonné de cette technologie, limitée aux secteurs où elle apporte une réelle valeur ajoutée. Le débat est lancé : il s’agit désormais de trouver un équilibre entre innovation et préservation de l’environnement.