Des objectifs concrets et ambitieux
La nouvelle législation impose aux Vingt-Sept de restaurer 20 % des terres et espaces marins d’ici à 2030, et l’ensemble des zones nécessitant une restauration d’ici à 2050. Chaque État devra restaurer au moins 30 % des habitats en mauvais état d’ici à 2030, 60 % d’ici à 2040 et 90 % d’ici à 2050. Laetitia Cesari, juriste en droit des activités spatiales, souligne : « Chaque État est tenu de prendre des mesures de restauration ambitieuses pour les habitats dégradés. » Divers types d’habitats sont concernés, y compris les zones humides, prairies, forêts et rivières.
Par ailleurs, les États devront inverser les tendances négatives concernant les papillons de prairies, le carbone dans le sol et la diversité des terres agricoles. Ils sont aussi tenus de stopper le déclin des populations de pollinisateurs, notamment les abeilles, d’ici à 2030 et de surveiller régulièrement ces populations.
Un soutien inattendu
L’adoption de la loi a été rendue possible grâce à un vote inattendu de l’Autriche. Initialement, l’Autriche devait s’abstenir, ce qui aurait empêché l’obtention de la majorité qualifiée. Cependant, contre l’avis de son chancelier, la ministre de l’Écologie Leonore Gewessler a voté en faveur du texte. « Ma conscience me dit que des décisions courageuses sont nécessaires lorsque le bonheur des générations futures est en jeu, » a-t-elle déclaré. Christophe Béchu, ministre français de la Transition écologique, a également salué cette décision : « Ce vote permet de préserver pour les générations futures les services rendus par les écosystèmes. »
Une résistance persistante
Malgré son adoption, la loi continue de rencontrer des résistances, notamment parmi les agriculteurs et les propriétaires forestiers. La Confédération européenne des propriétaires forestiers a dénoncé « une législation synonyme de surréglementation et de bureaucratie. » Le principal syndicat agricole allemand a également critiqué la loi : « On ne peut pas nous dicter d’en haut comment gérer notre exploitation ; si on croit aider la nature sur ordre, ça ne marche pas. » Ces réactions montrent que, malgré les avancées, la mise en œuvre de cette législation nécessitera de surmonter des défis significatifs pour concilier protection de la biodiversité et préoccupations des acteurs locaux.