Une solution prometteuse
Des chercheurs de l’University College de Londres ont démontré que peindre les toits en blanc pouvait réduire la température de l’air en ville de 1,2 à 2 degrés. Oscar Brousse, auteur principal de l’étude, explique : « Les cool roofs sont la meilleure solution pour maintenir la température à des niveaux bas lors des journées d’été les plus extrêmes. » L’étude, basée sur une modélisation climatique en trois dimensions de la métropole du Grand Londres, a montré que cette solution surpassait les panneaux solaires et les toits végétalisés, qui ne permettent de baisser la température que de 0,3 degré en moyenne. Cette modélisation, effectuée à partir des données de l’été 2018, le plus chaud jamais enregistré dans la capitale britannique, a révélé l’efficacité potentielle des toits blancs à grande échelle.
L’effet albédo et ses avantages
À Singapour, une expérience en conditions réelles a confirmé ces résultats. En peignant toits, murs et revêtements de chaussée en blanc, la température globale a été réduite de 2 degrés dans l’après-midi. « En renvoyant la chaleur plutôt qu’en l’absorbant, les cool roofs ont le double avantage de réduire la température non seulement dans l’environnement urbain extérieur mais aussi l’intérieur des bâtiments », souligne l’étude. Cet effet, dû à l’albédo, permet de réfléchir 80 % des rayons du soleil, améliorant ainsi le confort thermique des passants de 1,5 degré. Cette technologie, préconisée par le GIEC et déjà utilisée dans plusieurs pays méditerranéens comme la Grèce, pourrait représenter une réponse efficace aux épisodes de canicule de plus en plus fréquents.
Une efficacité variable selon les bâtiments
Cependant, l’efficacité des toits blancs varie selon le type de bâtiment. Les bâtiments à faible inertie, comme les gymnases ou les supermarchés, bénéficient grandement de cette technique. À Grenoble, après avoir repeint en blanc une salle associative, une baisse de 4 degrés a été observée. À Tremblay-en-France, le gymnase Jean-Guimier, qui servira de centre d’entraînement pour les JO de Paris 2024, a gagné 5 degrés de fraîcheur après avoir rendu son toit immaculé. En revanche, pour les habitations, les avantages sont moins nets. Benoît Quertier de Paris Habitat explique : « Pour un bâtiment d’habitation, l’inertie est généralement davantage prise en compte, avec des matériaux choisis pour permettre au logement de refroidir moins l’hiver comme de chauffer moins vite l’été. » Les contraintes de maintenance, comme l’apparition de taches brunes causées par la pluie, posent également problème. « Ce qui peut être compliqué quand on gère un très grand parc d’immeubles comme nous le faisons », ajoute Quertier.
Par ailleurs, des expériences menées à Los Angeles et Lyon sur les revêtements au sol ont montré des résultats mitigés. À Los Angeles, des trottoirs peints en blanc ont augmenté la sensation de touffeur pour les passants et provoqué un éblouissement désagréable. À Lyon, un test de revêtement blanc sur deux ans a été jugé trop cher et trop salissant. Ces exemples illustrent que si les cool roofs peuvent être très efficaces sur les toits, leur application au sol doit être étudiée avec prudence.
Ainsi, bien que prometteurs, les cool roofs doivent être appliqués avec discernement, en tenant compte des spécificités de chaque type de bâtiment et des contraintes pratiques liées à leur entretien. Les toits blancs représentent une avancée importante dans la lutte contre les canicules urbaines, mais leur mise en œuvre nécessite une approche adaptée à chaque contexte.