« Stocker le carbone : la construction biosourcée pour bâtir un avenir » : du 3 au 5 avril dernier s’est tenue, à Nancy, la 13e édition du Forum international bois construction (FBC). Un évènement annuel unique en Europe, qui réunit l’ensemble des acteurs de la filière bois-forêt et les professionnels du secteur de la construction, de l’aménagement et de la rénovation. Et un évènement qui tombe à pic car « aujourd’hui, l’industrie de la construction est à un tournant », explique Nicole Valkyser Bergmann, fondatrice du FBC, selon qui « pour décarboner et répondre aux grands enjeux environnementaux, les matériaux bois et les biosourcés sont indispensables et incontournables ».
Les nombreux avantages de la construction bois
Plus précisément, l’ambition du FBC est, toujours selon sa fondatrice, de « montrer qu’il est possible de réduire drastiquement les émissions de gaz à effet de serre (GES) en stockant le carbone grâce aux usages du bois et des biosourcés ». L’équation est simple : en poussant dans les forêts, les arbres captent et stockent le CO2 contenu dans l’atmosphère ; une fois coupés et transformés en bois de construction, ils continuent de stocker ce carbone quasi-indéfiniment. Ce faisant, les matériaux bois et biosourcés permettent de décarboner le secteur de la construction et contribuent à la gestion du stock national de biomasse carbone.
Autant d’avantages qui expliquent le succès grandissant de la construction en bois. En Île-de-France par exemple, les résultats publiés le 23 avril dernier par l’Observatoire francilien de la construction bois font état d’une surface de plancher totale de près de 1,2 million de mètres carrés au terme de l’année 2023. Des chiffres en hausse de +35 % par rapport à 2021 – auxquels a en partie contribué la livraison de certains ouvrages destinés aux prochains Jeux olympiques, ou celle de grands campus de bureaux à Paris et dans sa périphérie.
La construction bois encouragée de toutes parts
La construction en bois bénéficie, par ailleurs, du soutien de la nouvelle réglementation RE 2020. Entrée en vigueur le 1er janvier 2022, la RE 2020 doit permettre à la France d’atteindre ses objectifs climatiques et, notamment, la neutralité carbone d’ici à 2050. Ce corpus de règles concerne l’ensemble des nouvelles constructions et vise à la sobriété énergétique et à la décarbonation de l’énergie, à la diminution de l’impact carbone du secteur mais aussi à garantir un certain niveau de confort de l’habitat en cas de fortes chaleurs.
En parallèle de la RE 2020, d’autres initiatives encouragent, elles aussi, les projets de construction en bois. Dans le cadre du plan d’investissement « France 2030 », plus de 90 projets ont ainsi été sélectionnés par les autorités afin de soutenir la massification de la construction bois. Soutenus à hauteur de 317 millions d’euros, ces projets lauréats se déploient dans les catégories « industrialisation de produits et systèmes constructifs bois et autres biosourcés », « biomasse chaleur et industrie du bois », « mixité pour la construction bas carbone » ou « soutien à l’innovation dans la construction ».
Une pause dans la RE 2020 ?
Ces diverses initiatives en faveur de la construction bois entendent répondre à la double problématique à laquelle est confrontée la filière du bâtiment. D’un côté, le secteur représente à lui seul 43 % des consommations énergétiques annuelles de la France et génère près d’un quart (23%) des émissions françaises de GES. De l’autre, le secteur traverse l’une des pires crises de son histoire récente : à cause de l’inflation, le nombre de permis de construire a enregistré une chute de plus de 23 % sur douze mois, seuls 369 300 nouveaux logements ayant été autorisés en 2023. Autrement dit, le secteur du bâtiment est à la fois très polluant et… très en difficulté.
Développer la construction bois et biosourcée offre donc des éléments de réponse à ces deux enjeux. À condition que la réglementation accompagne ce mouvement – au lieu de le freiner. La Fédération française du bâtiment (FFB) a récemment demandé au ministre du Logement, Guillaume Kasbarian, le report des seuils d’application de la RE 2020 à 2028, au lieu de 2025. Une demande qui, si elle est acceptée, viendrait mettre en pause un effort collectif historique, alors qu’à l’approche des Jeux olympiques tous les regards seront rivés sur la France et son village olympique en bois…