Vol historique… ou Greenwashing ?
Virgin Atlantic annonce fièrement le premier vol long courrier, fonctionnant à 100% aux carburants durables, une avancée majeure dans l’industrie aéronautique. Malgré cette percée, des voix s’élèvent pour remettre en question la sincérité de cette démarche. L’association écologiste Stay Grounded qualifie l’opération de « verdissement de façade », soulignant que cette singularité ne résout pas le problème fondamental de l’aviation dépendante des hydrocarbures. « Pendant que l’attention du monde se porte sur un seul vol, il y en a 100 000 chaque jour utilisant des carburants fossiles. Les substituts ne sont qu’une goutte d’eau dans l’océan des hydrocarbures », alerte Stay Grounded.
Carburants durables : un levier coûteux de décarbonation
Les carburants durables d’aviation (CDA), fabriqués à partir d’huiles usagées, résidus de bois ou d’algues, sont considérés comme un moyen essentiel de réduire les émissions du secteur aéronautique. Cependant, leur production demeure coûteuse, et ils sont utilisés dans des moteurs à combustion générant toujours du CO2. Les critiques soulignent que la décarbonation devrait se concentrer sur la réduction de la demande plutôt que sur des alternatives coûteuses aux hydrocarbures. Au sein de Greenpeace UK, le Dr Doug Parr explique : « La seule manière efficace de traiter les émissions de l’aviation à court terme est de s’attaquer à la demande, et toute suggestion contraire relève simplement de l’utopie ».
Des réserves sur la technologie
Des experts remettent en question la viabilité à long terme de la technologie des CDA. Un ingénieur aérospatial, ayant travaillé pour Rolls Royce, la qualifie même d’« impasse technologique ». Les inquiétudes portent sur l’échelle limitée de production des carburants durables et leur capacité à avoir un impact significatif sur les émissions de l’aviation. Malgré le soutien financier du gouvernement britannique et la collaboration avec des partenaires majeurs, la question persiste quant à la véritable portée de cette initiative historique.
Dans ce contexte, le vol transatlantique de Virgin Atlantic suscite un débat crucial sur la transition du secteur aéronautique vers une aviation véritablement durable. Alors que la communauté internationale se prépare pour la COP28 à Dubaï, ce vol symbolique soulève des questions essentielles sur les alternatives aux carburants fossiles et la nécessité d’une approche plus globale pour répondre aux défis climatiques.