Les informations fournies par les entreprises européennes sur le changement climatique et les autres problèmes de durabilité sont généralement médiocres, si bien que les décideurs européens réfléchissent à en durcir les règles.
La directive de l’Union européenne sur la production de rapports non financiers est entrée en vigueur en 2018 et oblige les entreprises à divulguer la façon dont elles gèrent une série de défis sociaux et environnementaux, mais ne précise pas ce que les entreprises doivent déclarer.
Veiller à ce que la directive soit adaptée à son objectif est un élément essentiel du traité vert européen qui vise à réduire les émissions de carbone à zéro net d’ici 2050. Pour cela, l’Union Européenne injecte 1 000 milliards d’euros pour le financer.
Des financements non transparents
Pourtant, une étude analysant les rapports de 1000 entreprises et menée par l’Alliance for Corporate Transparency, une initiative collaborative lancée par le cabinet d’avocats d’intérêt public Frank Bold, a montré de grands écarts entre les paroles et les actions de nombreuses entreprises.
Sur le climat, par exemple, l’étude a montré que si 36,2% des entreprises avaient fixé un objectif climatique, et seules 13,9% des entreprises s’étaient assurées de s’aligner sur les objectifs de l’accord de Paris sur le climat de 2015.
Pour rappel, l’accord de Paris vise à plafonner l’augmentation moyenne de la température mondiale à moins de 2 degrés d’ici 2050 par rapport aux normes préindustrielles, pour limiter l’impact des catastrophes météorologiques qui pourraient tuer des centaines de millions de personnes et avoir un impact considérable sur l’économie mondiale.
Filip Gregor, responsable des entreprises responsables au sein de Frank Bold, a déclaré qu’il était « alarmant » que si peu d’entreprises soient en phase avec cet accord.
« Les résultats de la recherche montrent que la législation européenne existante ne remplit pas ses objectifs et il semble que la seule façon de résoudre le problème consiste à spécifier ce que les entreprises doivent déclarer. »
« Nous devons faire attention à ne pas fournir de critères trop détaillés ou à réglementer excessivement les entreprises, mais il y a un espace clair et un besoin de clarifications sectorielles très ciblées sur les exigences obligatoires de déclaration. »
Des financements non transparents
Parmi les entreprises analysées, seulement 23,4% ont fourni des informations spécifiques permettant aux auditeurs de comprendre les risques auxquels elles sont confrontées, même si 53,8% des entreprises ont déclaré reconnaître l’existence de tels risques.
Dans le secteur financier – de plus en plus au centre des actions des investisseurs et des décideurs – les divulgations étaient encore pires.
Seulement 13,4% des entreprises étaient précises sur l’exposition des activités de prêt, d’investissement ou de souscription aux secteurs contribuant au changement climatique, tandis que seulement 3,1% ont donné une estimation de l’exposition de leurs actifs aux risques climatiques.
La semaine dernière, le gouverneur de la Banque d’Angleterre, Mark Carney, qui endossera prochainement le rôle d’envoyé climatique des Nations Unies, a déclaré qu’il souhaitait voir les entreprises publier des stratégies pour réduire les émissions de carbone et adopter des sources d’énergie plus propres d’ici novembre, au moment où les dirigeants mondiaux se réuniront en Écosse pour la COP26.