Les chercheurs de l’Agence Nationale de Sécurité Sanitaire (Anses) ont à ce titre été chargés « d’analyser de façon prioritaire ces nouvelles données [afin d’indiquer] au gouvernement, dans les trois mois, si elles sont de nature à modifier les deux autorisations de mises sur le marché ».
L’Anses a autorisé en septembre dernier la vente du Closer et du Transform sur le territoire français. Ces deux insecticides ont pour principe actif le sulfoxaflor, une substance soupçonnée d’être toxique pour l’environnement et, notamment, les abeilles. C’est la raison pour laquelle les défenseurs de l’environnement ont demandé au Ministre de l’Écologie Nicolas Hulot de s’opposer à la commercialisation de ces produits en France, au nom de ses engagements contre les néonicotinoïdes.
Pour le chimiste et toxicologue Jean-Marc Bonmatin, chercheur au CNRS, le principe actif du Closer et du Transform « appartient à la famille des néonicotinoïdes (…). Du côté de la science, il n’y a aucune ambiguïté« .
Les responsables de l’Anses se sont donc engagés à évaluer « sans délai » les nouvelles données à leur disposition. Ils ont cependant tenu à rappeler que si le sulfoxaflor a un mode d’action similaire aux néonicotinoïdes, « il se différencie cependant par sa très faible persistance dans les sols (1 à 4 jours contre 120 à 520 jours) et dans les plantes ».
La loi de 2016 sur la biodiversité prévoit l’interdiction des néonicotinoïdes sur le territoire français à partir du 1er septembre 2018. Ces substances s’attaquent au système nerveux des insectes et contribuent ainsi au déclin des colonies d’abeilles (pollinisateurs indispensables à l’équilibre des écosystèmes).
« Si elle n’est pas immédiatement annulée par le gouvernement, [l’autorisation d’homologation] portera un coup fatal aux Etats généraux de l’alimentation et à la crédibilité de la démarche du président Macron pour réformer le modèle agricole dominant actuel », a dénoncé Agir pour l’environnement.
« Les néonicotinoïdes ayant mauvaise presse à cause de leurs effets sur les pollinisateurs, les fabricants essaient de les faire passer sous d’autres noms », estime de son côté Jean-Marc Bonmatin.