C’est par un constat des plus encourageants que Ségolène Royal a débuté sa présentation : selon les chiffres du ministère de l’Écologie, l’utilisation des pesticides pour des usages non agricoles aurait enregistré une baisse de 14% pour la seule année 2015. Ce phénomène devrait s’accélérer : depuis le 1er janvier, les collectivités, l’État et les établissements publics ne peuvent plus utiliser de produits phytosanitaires chimiques pour entretenir voirie et espaces verts.
Pour aider les communes à y voir plus clair dans cette nouvelle réglementation, et faire en sorte que les collectivités locales deviennent de véritables « ambassadeurs pour montrer le chemin aux citoyens », le gouvernement a publié un document intitulé « Le guide des solutions zéro pesticide ». Consultable sur le site du ministère ce dossier explicite les grandes échéances de la loi, catégorise les pesticides en trois catégorie (herbicide, insecticide, fongicide) et analyse les enjeux de leur interdiction sur la santé et l’environnement.
« Pour mettre en application la loi sur la transition énergétique pour la croissance verte, il existe de nombreux outils pour accompagner les collectivités dans cette démarche évolutive vers de nouveaux usages et de nouvelles pratiques. Cette démarche se traduit au travers de la mise en place d’un ensemble d’actions allant de la conception écologique des espaces, au plan de gestion différenciée, en passant par le développement de solutions alternatives », explique le Guide.
Il faut cependant noter que 90% des pesticides sont utilisés dans l’agriculture : il s’agit donc de faire des progrès dans ce secteur. Et c’est l’objectif poursuivi par le gouvernement avec cette campagne d’information intitulée « Zéro pesticide : c’est mille fois mieux pour ma santé et pour notre planète ».
Dans le cadre de cette campagne nationale, le ministère de l’environnement a annoncé une expérimentation avec quatre coopératives et des conseilleurs indépendants en charge de guider les agriculteurs. Saluée par la Fondation Hulot, cette démarche vise à séparer la vente du conseil, un « levier essentiel de la réduction de l’usage des pesticides ».
Mme Royal a également annoncé la mise en consultation du décret visant à interdire dès septembre 2018 l’usage de néonicotinoïdes, néfastes aux populations d’abeilles. Des dérogations seront cependant possibles jusqu’en 2020, octroyées au cas par cas « pour une culture spécifique et lorsqu’il n’y aura vraiment aucune alternative à court terme », a précisé Marc Mortureux, directeur général de la prévention des risques.
Le plan d’action « Zéro pesticide » vise également à renforcer l’arsenal législatif destiné à éliminer peu à peu l’usage de produits chimiques nocifs dans différents secteurs de notre économie. Deux arrêtés sont actuellement en préparation : un premier vise à interdire l’usage du Bisphénol A dans la conception des jouets alors qu’un second ambitionne de rendre l’obligation de mentionner la présence de nanoparticules dans les produits de consommation.
En ce qui concerne les particuliers, l’accès aux pesticides s’est également compliqué : ces produits ne sont en effet plus en accès libre. Pour obtenir une bouteille de Roundup, l’herbicide le plus vendu (et également le plus controversé pour ses effets négatifs encore mal connus sur le corps humain), le consommateur doit solliciter un vendeur.
En 2019, la loi sur la transition énergétique prévoit de continuer dans ce sens-là : le gouvernement souhaite interdire totalement l’usage des pesticides par le grand public. Les citoyens tricolores devront donc se tourner vers un jardinage plus naturel (techniques manuelles, produits autorisés en agriculture biologique…).