Certaines molécules sont interdites depuis des années, mais leurs métabolites – produits de dégradation – persistent dans l’environnement. Le chlorothalonil, un fongicide interdit en 2020, en est un exemple. En 2023, ses métabolites ont été retrouvés dans près d’un tiers des analyses menées par les agences régionales de santé.
Une présence préoccupante dans certaines régions
La législation européenne fixe des seuils stricts pour l’eau potable : 0,1 microgramme par litre pour une molécule, et 0,5 microgramme pour l’ensemble des pesticides. Dans plusieurs régions agricoles, ces limites sont souvent dépassées. En Bretagne, en Centre-Val de Loire ou en Nouvelle-Aquitaine, des restrictions d’usage ont été mises en place pour assurer la sécurité sanitaire.
Ces dépassements inquiètent. Les effets à long terme d’expositions chroniques, même à faibles doses, ne sont pas bien connus. Les autorités sanitaires se veulent rassurantes. Pourtant, les associations de consommateurs et les ONG réclament des mesures plus préventives, en amont de la contamination.
Plusieurs solutions existent. Il est possible de développer l’agriculture biologique et les pratiques agroécologiques. Il faut aussi limiter les traitements chimiques, comme dans le bassin de la Vanne en Bourgogne-Franche-Comté. Là, un partenariat entre collectivités, agriculteurs et agences de l’eau a permis de réduire les intrants phytosanitaires. La création de périmètres de protection renforcés autour des captages est une autre piste.
Une politique publique encore peu efficace
Le plan Ecophyto, relancé en 2023, prévoit une réduction de 50 % de l’usage des pesticides d’ici 2030. Pourtant, selon le ministère de la Transition écologique, leur usage a légèrement augmenté entre 2021 et 2023. Ce constat remet en question l’efficacité des mesures. La réussite du plan dépend d’une mise en œuvre concrète et du soutien aux agriculteurs.
Protéger la qualité de l’eau exige une transformation profonde du modèle agricole. Il faut aussi plus de transparence sur les substances détectées et une meilleure information sur les zones à risque. Les filières agricoles engagées dans la transition doivent être accompagnées.
Préserver l’eau, c’est aussi préserver la santé publique, les écosystèmes et les générations futures. Face à cet enjeu, une action collective, déterminée et cohérente est indispensable.