Agriculture et climat : le stockage de carbone dans les sols, une solution d’avenir ?

Agriculture et climat : le stockage de carbone dans les sols, une solution d’avenir ?
Les sols agricoles, un puits de carbone sous-estimé Dans la lutte contre le changement climatique, les sols jouent un rôle souvent méconnu. Riches en matière organique, ils sont capables de stocker d’importantes quantités de carbone atmosphérique. On parle alors de « puits de carbone ». L’agriculture, lorsqu’elle adopte des pratiques adaptées, peut contribuer à renforcer ce stockage naturel.

Cette capacité est au cœur de l’initiative internationale « 4 pour 1000 », lancée lors de la COP21. Elle vise à augmenter de 0,4 % par an le stock de carbone organique dans les sols, pour compenser les émissions de gaz à effet de serre. Cette approche repose sur des pratiques agricoles vertueuses : couverture des sols, réduction du travail du sol, agroforesterie, compostage, rotations longues et prairies permanentes.

Des bénéfices multiples pour l’agriculture

Au-delà du climat, le stockage de carbone présente de nombreux avantages pour les agriculteurs. Il améliore la fertilité des sols, renforce leur structure, augmente leur capacité à retenir l’eau et réduit l’érosion. Il favorise également la biodiversité microbienne et végétale.

Ces effets positifs sont particulièrement précieux dans un contexte de sécheresses récurrentes, de pertes de rendement et d’appauvrissement des terres. En revalorisant le rôle du sol, l’agriculture devient à la fois plus résiliente et plus durable.

Un potentiel encore peu exploité

Malgré ses bénéfices, cette stratégie reste encore marginale. Le stockage de carbone dans les sols est peu valorisé dans les politiques climatiques. Le manque de dispositifs incitatifs, l’absence d’indicateurs fiables à grande échelle, et la complexité de la mesure du carbone stocké freinent son développement.

Certaines initiatives, comme les labels bas-carbone ou les crédits carbone agricoles, cherchent à monétiser ce service environnemental. Mais elles restent peu répandues et parfois critiquées pour leur manque de transparence.

Vers une reconnaissance accrue dans les politiques climatiques

Pour libérer pleinement ce potentiel, de nombreux acteurs appellent à intégrer le stockage de carbone dans les sols dans les stratégies nationales et européennes. Cela suppose un accompagnement technique, des outils de suivi harmonisés, des aides à la transition et une rémunération juste pour les agriculteurs.

Le sol n’est pas une simple surface de production : c’est un acteur central du climat et de la biodiversité. Lui redonner sa juste place pourrait faire de l’agriculture non plus un problème, mais une partie de la solution.