Paris, Milan, Barcelone ou encore Melbourne ont intégré ce principe dans leurs projets urbains. En apparence, cette vision semble répondre aux enjeux écologiques et sociaux contemporains. Mais sa mise en œuvre concrète soulève de nombreuses interrogations.
Une approche qui ne convient pas à tous les territoires
Si la ville du quart d’heure peut s’adapter aux centres-villes denses, elle semble plus difficile à appliquer dans les zones périurbaines ou rurales, où les distances et la faible densité rendent les déplacements quotidiens plus longs. Le risque est alors de renforcer les inégalités territoriales en concentrant les efforts sur les espaces déjà bien dotés en services.
De plus, certaines critiques pointent le manque de clarté sur les indicateurs à suivre : quels services comptent réellement ? Quelle est la réelle accessibilité pour les personnes âgées, handicapées ou en situation de précarité ?
Un concept parfois dévoyé ou mal compris
À force d’être repris, le concept peut perdre en rigueur. Certaines villes l’utilisent comme un slogan, sans réelle transformation structurelle de leur modèle urbain. D’autres l’interprètent de manière trop rigide, au risque de créer des poches urbaines fermées, moins connectées entre elles.
Par ailleurs, la ville du quart d’heure ne règle pas tout : elle n’élimine pas les besoins de déplacements interquartiers, ni les flux économiques plus larges. Elle ne peut remplacer les politiques de transports publics, de logement ou d’emploi, mais doit s’y articuler.
Vers une adaptation plus souple et inclusive
Pour que ce modèle contribue réellement à la transition écologique et à l’équité urbaine, il doit être adapté aux contextes locaux. Il ne s’agit pas de calquer un modèle unique, mais de penser des villes plus accessibles, plus sobres et plus vivables.
Cela implique de repenser la répartition des services, d’encourager la mixité fonctionnelle, d’investir dans les mobilités douces, mais aussi de co-construire les projets avec les habitantes et habitants. La ville du quart d’heure ne doit pas devenir une norme rigide, mais une source d’inspiration pour une ville plus proche, plus juste et plus résiliente.