En Europe, la consommation énergétique des centres de données, la multiplication des objets connectés et l’obsolescence rapide des équipements électroniques constituent des sources majeures d’émissions. La fabrication d’un smartphone, par exemple, génère jusqu’à 80 % de son empreinte carbone, notamment à cause de l’extraction de métaux rares.
Une stratégie européenne en construction
Consciente de ces enjeux, la Commission européenne a intégré la sobriété numérique dans sa feuille de route pour un numérique durable. Elle souhaite rendre le secteur plus vert en agissant à plusieurs niveaux : écoconception des équipements, allongement de leur durée de vie, amélioration de l’efficacité énergétique des centres de données, et transparence sur l’empreinte des services numériques.
Un projet de règlement sur l’écoconception des smartphones, tablettes et ordinateurs prévoit par exemple des exigences minimales de réparabilité et de mise à jour logicielle, pour lutter contre l’obsolescence programmée. L’Europe veut aussi promouvoir une meilleure gestion des déchets électroniques et encourager le réemploi.
Des défis encore nombreux à relever
Malgré ces avancées, la transition vers un numérique plus sobre reste difficile. Le manque de données standardisées sur l’empreinte environnementale des services en ligne, les résistances des industriels à certaines obligations, et la pression de la consommation tirée par les usages du cloud et du streaming ralentissent les progrès.
Pour accélérer le mouvement, les ONG et experts plaident pour un encadrement plus strict de la publicité numérique, un soutien au développement du logiciel libre, et une véritable éducation à la sobriété numérique, dès le plus jeune âge.
Vers un numérique plus responsable ?
Le défi est immense, mais il est aussi porteur d’opportunités : développer une filière européenne du reconditionnement, concevoir des services numériques frugaux, et faire du numérique un levier de transition écologique plutôt qu’un facteur aggravant.
À condition d’agir vite, l’Europe peut devenir un acteur de référence dans la réduction de l’empreinte du numérique. Cela suppose de revoir nos usages, nos équipements, mais aussi nos imaginaires technologiques.