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L’impact environnemental de la viande : un enjeu majeur pour la planète

La viande occupe une place centrale dans la culture culinaire française, avec une consommation annuelle moyenne de 85 kg par habitant, selon les données de FranceAgriMer publiées en 2021. Bien que cette consommation ait légèrement diminué depuis la fin des années 1990, elle semble aujourd’hui se stabiliser, voire repartir à la hausse. Cette tendance pose toutefois un sérieux problème environnemental, car la production de viande est l’une des activités humaines les plus polluantes.

Un bilan carbone alarmant

Selon un rapport de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) publié en 2023, le secteur de la production animale émet environ 6,2 milliards de tonnes d’équivalent CO2 par an, soit 12 % des émissions mondiales liées aux activités humaines. Cela représente près de 40 % des émissions du secteur agroalimentaire. Si aucune mesure n’est prise, ces émissions pourraient atteindre 9,1 milliards de tonnes d’équivalent CO2 d’ici 2050.

La production bovine, incluant la viande et le lait, est la plus polluante, générant à elle seule 3,8 milliards de tonnes d’équivalent CO2 par an, soit 62 % des émissions du secteur. Viennent ensuite la production porcine (14 %) et la volaille (9 %).

Méthane, engrais et pesticides : des sources majeures de pollution

Les émissions directes, principalement sous forme de méthane, représentent 60 % du total des émissions du secteur. Le méthane, un gaz au pouvoir réchauffant 30 fois supérieur à celui du CO2, est principalement émis par les ruminants (bovins, ovins, caprins) en raison de leur système digestif particulier. Pour les porcs et les volailles, l’impact environnemental provient surtout de leur alimentation, qui nécessite l’utilisation massive d’engrais azotés et de pesticides.

« Si nous réduisions le nombre d’animaux à nourrir, nous pourrions diminuer l’utilisation de pesticides et d’engrais azotés sur les cultures », explique Pierre-Marie Aubert, directeur du programme Politiques agricoles et alimentaires à l’IDDRI. En effet, une grande partie des surfaces agricoles est consacrée à la production d’aliments pour le bétail, ce qui exacerbe la pression sur les ressources naturelles.

Déforestation, pollution de l’eau et surconsommation d’eau

La production animale a également d’autres conséquences néfastes pour l’environnement. Elle contribue à la pollution des sols et de l’eau, due aux déjections animales et à l’utilisation d’engrais et de pesticides. De plus, elle est responsable d’une surconsommation d’eau et de la déforestation, notamment en Amérique latine, où des forêts sont rasées pour cultiver du soja destiné à l’alimentation animale.

« Les trois quarts des surfaces agricoles nécessaires à notre alimentation sont dédiées à l’alimentation animale », souligne Carine Barbier, économiste de l’environnement au Cired. Cette situation pose un défi majeur en termes de préservation des écosystèmes et de lutte contre le changement climatique.

La viande bio : une solution pas si écologique

Face à ces enjeux, certains consommateurs se tournent vers la viande issue de l’agriculture biologique. Cependant, une étude publiée dans Nature Communications en 2020 révèle que la production de viande bio n’est pas moins émettrice de gaz à effet de serre que la production conventionnelle. Les animaux élevés en bio vivent plus longtemps, ce qui augmente leurs émissions de gaz à effet de serre par kilogramme de viande produite.

« Un poulet industriel est élevé en 40 jours, contre 80 jours pour un poulet bio. C’est mieux pour le bien-être animal, mais les émissions par kilogramme de produit sont plus élevées », précise Michel Duru, chercheur à l’Inrae. Néanmoins, les consommateurs de viande bio ont tendance à en manger moins, ce qui pourrait compenser cet impact.

Réduire la consommation de viande : une nécessité

Pour limiter l’empreinte carbone de la production de viande, réduire sa consommation apparaît comme une solution incontournable. En France, la consommation moyenne de viande est de 125 g par jour, alors que de nombreux experts estiment qu’une réduction de moitié serait bénéfique pour la santé et l’environnement.

« Une consommation de viande deux fois moins élevée pourrait faciliter l’atteinte des objectifs climatiques », affirme Béatrice Morio, directrice de recherche à l’Inrae. Selon un rapport du Réseau Action Climat et de la Société Française de Nutrition, diminuer de moitié la consommation de viande permettrait de réduire l’impact carbone de 20 à 50 %.

Les alternatives végétales : une piste prometteuse

Les substituts végétaux à la viande représentent une autre solution pour réduire l’impact environnemental. Selon une étude réalisée par HappyVore, un steak végétal émet 31 fois moins de CO2 qu’un steak de bœuf. Par ailleurs, une étude publiée dans Nature Communications estime que remplacer 50 % des produits animaux par des produits végétaux d’ici 2050 permettrait de réduire de 31 % les émissions de gaz à effet de serre liées à l’agriculture.

En conclusion, la réduction de la consommation de viande et le développement d’alternatives végétales apparaissent comme des leviers essentiels pour limiter l’impact environnemental de notre alimentation. Face à l’urgence climatique, ces changements de comportement pourraient jouer un rôle clé dans la préservation de la planète.

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