Pour relancer une économie durement touchée par la crise, le Venezuela investit dans des infrastructures touristiques au cœur d’écosystèmes fragiles. Pistes d’atterrissage, hôtels et autres constructions se multiplient dans des zones protégées, provoquant une controverse grandissante parmi les biologistes, activistes et communautés locales. Les récifs coralliens des Caraïbes, déjà menacés par le changement climatique, se retrouvent au centre des préoccupations.
Une stratégie touristique controversée
Le président Nicolás Maduro considère le tourisme comme une solution clé pour diversifier l’économie vénézuélienne, qu’il qualifie d’ »arme secrète ». Blâmant les sanctions américaines pour la crise économique, il a intensifié les efforts pour attirer des investisseurs étrangers. Des rencontres avec des entrepreneurs français et des appels à des partenaires internationaux, notamment issus du Moyen-Orient, de la Chine et du Brésil, illustrent cette stratégie. Cependant, les résultats restent limités, et les projets suscitent des inquiétudes écologiques croissantes.
Des dommages environnementaux à Los Roques
L’expansion de la piste d’atterrissage principale desservant le parc national de Los Roques a eu un impact significatif sur cet archipel emblématique des Caraïbes. Ces travaux, réalisés sans études d’impact environnemental, ont détruit des récifs coralliens, des mangroves et une plage utilisée par la tortue imbriquée, une espèce en danger critique d’extinction. La Société écologique vénézuélienne rapporte que la zone a été recouverte d’asphalte et de rochers, perturbant gravement les écosystèmes locaux.
Les résidents locaux signalent également une augmentation de la chasse illégale aux tortues, de la pêche sous-marine et des visites non autorisées dans des zones protégées. Ce manque de surveillance soulève des inquiétudes quant à la gestion à long terme du parc, d’autant plus que les problèmes liés aux déchets et aux eaux usées s’aggravent avec l’afflux de touristes.
Un projet ambitieux sur l’île de La Tortuga
En parallèle, Nicolás Maduro a annoncé la construction de dix hôtels sur l’île préservée de La Tortuga, affirmant que ces projets respecteront l’environnement. Pourtant, les critiques s’interrogent sur la faisabilité de cette promesse. La construction dans des zones vierges entraîne souvent des pollutions, des perturbations des écosystèmes marins et une sédimentation qui affecte les récifs coralliens et les mangroves.
Entre développement touristique et conservation
Si le gouvernement met en avant des opportunités économiques, les experts soulignent que le tourisme de masse pourrait avoir des conséquences irréversibles pour la biodiversité marine. Les biologistes avertissent que les récifs coralliens, essentiels à l’équilibre des écosystèmes, risquent d’être détruits, privant ainsi la région de ses richesses naturelles et de son attrait touristique à long terme.
Les réglementations en vigueur, censées protéger ces zones, semblent largement ignorées, et les investissements étrangers peinent à se concrétiser. Cette situation reflète un dilemme plus large : comment équilibrer le développement économique et la conservation écologique dans des zones aussi précieuses que Los Roques et La Tortuga ?