Sans l’arsenal bruyant des tracteurs, mais munis des emblématiques cloches de vaches, ces professionnels ont manifesté leur mécontentement face à une bureaucratie jugée écrasante, des prix injustes et une politique agricole imprévisible.
L’année écoulée a été marquée par des défis multiples : conditions météorologiques adverses, marchés instables et une forte incertitude quant à l’avenir du secteur. Ces obstacles, cumulés à une charge administrative lourde, ont poussé les membres du mouvement Révolte agricole suisse à prendre position. Ce collectif, fondé en février 2024 par Arnaud Rochat, exige des mesures concrètes, notamment une simplification administrative, une politique agricole claire et des salaires décents pour les exploitants.
Lors de la manifestation, Anne Chenevard, productrice dans le canton de Vaud, a dénoncé le poids des procédures administratives, qu’elle qualifie « d’humiliant ». Selon elle, les contrôles incessants donnent aux agriculteurs le sentiment d’être traités comme des fraudeurs, amplifiant leur désarroi face à des réglementations complexes et parfois incompréhensibles.
Arnaud Rochat a également mis en lumière l’instabilité qui caractérise leur activité. « Nous investissons pour plusieurs décennies, mais sans vision à long terme, cela devient insoutenable », a-t-il expliqué. Arnaud Rochat a souligné l’épuisement généralisé au sein de la profession, où l’administratif étouffe les exploitants. Ce surmenage, associé à une pression économique et sociale constante, conduit à un taux alarmant de suicides, un sujet encore tabou dans le secteur.
Les manifestants ont multiplié les actions symboliques pour illustrer leurs revendications. Un cercueil contenant une effigie d’agriculteur en paille témoignait de la détresse morale de nombreux professionnels. Par ailleurs, une table de ping-pong dénonçait l’indécision des autorités, l’Ofag, les politiques et les grandes chaînes se rejetant mutuellement la responsabilité des problèmes.
Simon Baechler, exploitant dans le canton de Vaud, a résumé l’injustice ressentie : des attentes toujours croissantes en matière de productivité, mais sans moyens adéquats ni soutien suffisant. Face à la concurrence internationale et à la diminution des surfaces exploitables, les agriculteurs suisses réclament un cadre politique capable de garantir leur survie et celle des générations futures.
Ce rassemblement témoigne d’un malaise profond dans l’agriculture suisse, où la lourdeur administrative et le manque de perspectives claires menacent un métier pourtant essentiel.