La Corée du Sud s’est attiré les louanges de la communauté internationale pour ses efforts en termes de recyclage, mais alors qu’elle accueille les négociations qui doivent mener à un accord mondial sur les déchets plastiques, les experts affirment que l’approche du pays met en évidence ses limites.
Les négociations INC-5 qui débutent à Busan le 25 novembre porteront notamment sur la question de savoir si un traité des Nations unies devrait chercher à limiter la quantité de plastique produite en premier lieu.
Les opposants à une telle approche, notamment les grands producteurs de plastique et de produits pétrochimiques comme l’Arabie saoudite et la Chine, ont fait valoir lors des cycles précédents que les pays devraient se concentrer sur des sujets moins litigieux, tels que la gestion des déchets plastiques.
La Corée du Sud affirme recycler 73 % de ses déchets plastiques, contre 5 à 6 % aux États-Unis, et le pays pourrait sembler être un modèle pour une approche de gestion des déchets.
Le magazine bimensuel MIT Technology Review a classé la Corée du Sud comme « l’une des meilleures économies du monde en matière de recyclage » et le seul pays asiatique à figurer dans le top 10 de son Green Future Index en 2022.
Mais les défenseurs de l’environnement et les membres de l’industrie de la gestion des déchets affirment que les chiffres du recyclage ne disent pas tout.
Le taux de 73 % avancé par la Corée du Sud « est un faux chiffre, car il ne tient compte que des déchets plastiques arrivés au centre de tri pour le recyclage. Nous ne savons pas s’ils sont recyclés, incinérés ou mis en décharge par la suite », a déclaré Seo Hee-won, chercheur au Climate Change Center, un groupe d’activistes locaux.
Greenpeace estime ainsi que la Corée du Sud ne recycle que 27 % de ses déchets plastiques. Le ministère de l’environnement explique que la définition des déchets, les méthodes de recyclage et les calculs statistiques varient d’un pays à l’autre, ce qui rend difficile une évaluation uniforme.
La production de déchets plastiques en Corée du Sud est passée de 9,6 millions de tonnes en 2019 à 12,6 millions de tonnes en 2022, soit un bond de 31 % en trois ans, en partie à cause de l’augmentation des emballages en plastique pour la nourriture, les cadeaux et autres commandes en ligne qui se sont multipliées pendant la pandémie, ont déclaré les militants.