Comment expliquez-vous la difficulté de recrutement dans la filière forêt-bois aujourd’hui ?
Tout d’abord la filière forêt-bois n’est pas la seule à connaître des difficultés de recrutement. La grande majorité des secteurs économiques peine à recruter. Cette situation s’explique par les évolutions récentes du marché du travail, où la majorité des travailleurs qualifiés sont déjà en poste, tandis que ceux disponibles manquent encore d’expérience ou sont en cours de formation ; ce qui ne les rend pas totalement opérationnels. Il y a aussi une forte volatilité des candidats qui n’hésitent pas à changer de travail et d’entreprise et qui fuient les métiers connotés comme pénibles. Les CV qui arrivaient naturellement il y a encore trois ans, sont donc moins nombreux et moins qualitatifs aujourd’hui.
Dans cette compétition au talent, la filière forêt-bois s’engage dans un travail de fond pour pallier la pénurie des candidats. La filière a bien conscience de la difficulté de recrutement, et elle travaille sur plusieurs axes forts qui lui permettent de se rendre visible par rapport aux autres secteurs économiques, notamment via l’ouverture des entreprises aux lycéens et étudiants. Il y a aussi un nouvel enjeu en matière de pratiques RH. Accueillir de nouveaux collaborateurs, les intégrer, les former et surtout les fidéliser, devient un triptyque gagnant pour créer et fédérer autour d’une culture d’entreprise.
Quelles actions sont mises en place par France Travail pour pallier les difficultés de recrutement dans la filière ?
France Travail, avec ses 900 agences, couvre tout le territoire. Chaque entreprise de la filière forêt-bois est donc en contact avec une de ces agences de proximité pour les accompagner dans leur recrutement. En fonction de la difficulté de recrutement nous pouvons renforcer notre accompagnement. Nous pouvons en ce sens mettre à disposition des moyens RH dont l’entreprise ne dispose pas (atelier de découverte métier, portes ouvertes, collaboration avec les centres de formation etc.).
À côté de ce travail d’allié RH, nous essayons également d’anticiper les besoins de l’entreprise. Les conseillers France Travail rencontrent tous les jours les dirigeants, les responsables RH sur le terrain pour mieux prendre en compte leurs besoins, tout en partageant avec eux le diagnostic du marché du travail local, c’est-à-dire la qualité de la main d’œuvre disponible, les formations qui répondent le mieux au poste, les délais de recrutements à intégrer s’il y a pénurie de candidats… Cette stratégie de proactivité est gagnante car elle installe une relation de confiance autour de l’effort de recrutement. Je peux citer plusieurs exemples du bénéfice obtenu lorsque la relation est ainsi installée : par exemple, l’amélioration de la pertinence des profils que France Travail va présenter à l’entreprise, comme c’est le cas quand il y a une période d’immersion du candidat avant l’embauche ; ou, autre exemple, la meilleure anticipation pour le recruteur des délais qui sont nécessaires au futur collaborateur pour être opérationnel sur le poste – j’entends par là les formations préalables, les adaptations aux postes, la période de tutorat.
En tant que référent national pour France Travail, quelle est votre mission principale ?
France Travail considère depuis plusieurs années la filière forêt-bois comme une filière d’avenir, voire stratégique pour notre économie. Les difficultés de recrutement que rencontre la filière peuvent représenter un frein à son développement, et donc, pour les acteurs de l’emploi que nous sommes, moins de solutions d’emplois pour les publics que nous accompagnons. Pour nous, il est donc important que les professionnels de la Filière ressentent que nous sommes à leur côté.
Ma mission est donc de participer à l’effort de recrutement et de développement des entreprises de la filière, en tissant un lien partenarial entre les entreprises et les agences France Travail. Concrètement, je travaille avec les organisations professionnelles de la filière sur deux axes : l’attractivité des métiers et l’appui au recrutement.
Concernant l’attractivité des métiers, je favorise l’engagement des équipes de France Travail sur la promotion et l’organisation d’évènements où les métiers du bois sont présentés. Il est essentiel que les publics en recherche d’emploi visualisent les métiers. Par exemple, lors des journées portes ouvertes des entreprises.
Et pour mieux être en appui des recrutements, je développe un programme interne à France Travail qui a pour but l’amélioration de la connaissance des métiers du bois par les conseillers.
En parallèle, je participe également à des travaux nationaux. Par exemple la mise à jour de toutes les fiches métiers de la filière forêt-bois, qui prennent mieux en compte les évolutions techniques récentes des métiers. Ou bien, autre exemple : la création d’un système de diffusion simultanée des offres sur les sites professionnels du bois et sur notre site France Travail.
Quels sont selon vous les atouts qui rendent les métiers de la filière forêt-bois attractifs ?
Les travailleurs de la filière forêt-bois sont tous des passionnés. Je ne parle pas que des chefs d’entreprise, mais bien de tous ceux qui y travaillent. Il est rare de retrouver dans d’autres secteurs une telle passion ! Il y a comme l’expression d’une certaine noblesse dans l’exercice de ces métiers. Peut-être est-ce quelque chose qui se rattache au rôle essentiel que nous accordons au bois et à la forêt.
J’ai l’impression que les métiers du bois peuvent tirer leur épingle du jeu dans l’Economie de demain, car ils sont ancrés sur certaines valeurs comme la nature, les enjeux de société, l’économie durable et l’écologie. Et quand un demandeur d’emploi ou un jeune cherche sa vocation et qu’on lui fait découvrir des métiers, la filière forêt-bois possède un atout non négligeable. Alors oui, ces métiers sont parfois considérés comme exigeants, mais cette dimension est à compenser par les valeurs qu’ils portent. Je crois vraiment à cette attractivité des valeurs et c’est un véritable plus pour les entreprises de la filière.