ZeGreenWeb

Boucliers tarifaires : une facture de 20 milliards pour l’État

boucliers tarifaires - ZeGreenWeb.jpeg

La protection des ménages et des petites entreprises face à la hausse des prix de l’énergie a coûté cher à l’État français. Selon la Commission de régulation de l’énergie (CRE), les boucliers tarifaires mis en place pour plafonner les prix du gaz et de l’électricité ont entraîné une dépense nette de 20,4 milliards d’euros entre 2021 et 2024. Retour sur une politique coûteuse mais nécessaire pour limiter l’impact de la crise énergétique.

Une mesure coûteuse mais nécessaire

Pour contenir la flambée des prix de l’énergie provoquée par la reprise post-Covid-19 et le conflit en Ukraine, l’État français a mis en place des boucliers tarifaires dès 2021. Ces dispositifs visaient à plafonner les tarifs du gaz et de l’électricité pour les particuliers et les très petites entreprises abonnées au tarif réglementé. « La facture est salée », indique la Commission de régulation de l’énergie (CRE), qui précise que ces mesures ont coûté 20,4 milliards d’euros nets sur la période 2021-2024, principalement sur les années 2022 et 2023. Le coût brut de ces dispositifs atteint 26,3 milliards d’euros, dont 21,5 milliards ont été consacrés à l’électricité et 4,8 milliards au gaz. En outre, d’autres aides, comme le chèque énergie et l’indemnité carburant, ont également été mises en place pour soulager les consommateurs. Selon la Cour des comptes, « l’État devra débourser 36 milliards d’euros net au titre de ces multiples dispositifs de soutien entre 2021 et 2024 ».

Les énergies renouvelables à la rescousse

Cependant, la note aurait pu être encore plus salée sans la contribution des énergies renouvelables. Grâce au mécanisme de soutien instauré en 2003, l’État garantit un prix d’achat minimal pour l’électricité produite par les opérateurs d’énergies renouvelables. Lorsque les prix du marché dépassent ce seuil, ces opérateurs reversent la différence à l’État. « En 2022-2023, ce mécanisme a rapporté 5,9 milliards d’euros », souligne la CRE dans son rapport annuel sur les charges de service public de l’énergie (CSPE). Ces recettes ont permis de réduire le coût net des boucliers énergétiques à 20,4 milliards d’euros. Ce système, conçu pour encourager le développement des énergies vertes, s’est ainsi révélé doublement bénéfique : il a non seulement soutenu la transition énergétique, mais aussi contribué à atténuer l’impact financier des mesures d’urgence sur les finances publiques. Toutefois, l’efficacité de ces dispositifs ne suffit pas à compenser intégralement le poids de la facture, qui demeure lourde pour l’État.

Une politique critiquée, mais efficace

Malgré l’ampleur des dépenses, les boucliers tarifaires ont rempli leur mission de protection des consommateurs et des entreprises contre l’augmentation rapide des prix de l’énergie. « Sans ces mesures, la facture énergétique des ménages aurait explosé », rappellent les experts du secteur. Néanmoins, ce dispositif n’a pas été sans critiques. Certains estiment que ces aides auraient pu être mieux ciblées ou que l’État aurait dû encourager davantage les économies d’énergie. D’autres soulignent le poids de ces mesures sur les finances publiques, alors que la France fait face à des contraintes budgétaires croissantes. La question de la pérennité de ces boucliers se pose également, car le contexte économique et géopolitique reste incertain, notamment en raison de la volatilité des prix de l’énergie et de l’évolution des politiques européennes en matière de transition énergétique. Pour l’heure, les autorités affirment que « ces dispositifs demeureront en place aussi longtemps que nécessaire pour protéger les consommateurs ».

Quitter la version mobile