Depuis le 1er juillet 2024, le Plan d’Épargne Avenir Climat (PEAC) permet aux jeunes de moins de 21 ans de financer la transition écologique à travers un placement vert. Ce produit d’épargne, qui promet une plus grande lisibilité des investissements durables, a aussi ses limites. Destiné à un public restreint, il suscite déjà de nombreuses interrogations quant à son attractivité et son efficacité.
Un produit d’épargne ciblé et contraignant
Créé par la loi relative à l’industrie verte du 24 octobre 2023, le Plan d’Épargne Avenir Climat est un nouvel outil d’investissement spécifiquement conçu pour les jeunes résidant en France. Seuls les épargnants de moins de 21 ans peuvent ouvrir un PEAC, qui peut être alimenté jusqu’à un plafond de 22 950 €. Les sommes investies sont bloquées pendant cinq ans ou jusqu’à la majorité de l’épargnant, sauf en cas de circonstances exceptionnelles comme le décès d’un parent ou l’invalidité. L’objectif affiché par le gouvernement est clair : « Mobiliser l’épargne privée et engager les jeunes dans la transition écologique », mais les conditions strictes de ce produit pourraient limiter son attrait. Sandrine Ferrand, responsable d’audit de produits de finance durable pour Novethic, avertit que « le PEAC doit être vu comme un outil de diversification du patrimoine et non comme le principal placement pour assurer l’avenir de son enfant ». En effet, toute sortie anticipée entraînera l’impossibilité de réinvestir des fonds, une restriction qui pourrait décourager les jeunes épargnants ou leurs parents.
Un engagement fort mais sans garantie en capital
Le PEAC présente néanmoins des atouts. Tous les fonds inclus doivent être obligatoirement labellisés ISR (Investissement Socialement Responsable) ou Greenfin, garantissant ainsi un investissement dans des entreprises et projets à impact environnemental positif. Selon Sandrine Ferrand, « ce support d’investissement a l’avantage d’apporter plus de lisibilité aux épargnants ». En outre, le produit est exempté d’impôts et de prélèvements sociaux, ce qui en fait une option intéressante pour ceux qui souhaitent faire fructifier leur argent tout en soutenant la transition écologique. Cependant, ce placement reste risqué : aucune garantie en capital n’est offerte, et le rendement dépend des fluctuations du marché financier. Une gestion pilotée permet toutefois de réduire progressivement la part des actifs risqués à mesure que l’échéance approche, limitant ainsi les pertes potentielles. Comme le précise Ferrand, « à partir de deux ans avant la date de clôture, l’établissement doit limiter à 30 % maximum la part des actifs présentant un risque élevé ». Malgré ces précautions, le PEAC ne conviendra pas à tous les profils d’épargnants, notamment ceux à la recherche d’une sécurité totale pour leur capital.
Un lancement timide et des interrogations sur l’avenir
Bien que disponible depuis le 1er juillet, le Plan d’Épargne Avenir Climat peine à se faire une place sur le marché. Plusieurs banques et compagnies d’assurances n’envisagent pas de le commercialiser avant 2025, tandis que d’autres n’ont pas encore décidé de l’intégrer à leur offre. La publication tardive des décrets d’application, à la mi-juin, et le profil restreint des épargnants ciblés expliquent ce démarrage lent. Le gouvernement espère cependant collecter jusqu’à un milliard d’euros par an grâce à ce dispositif. Mais comme le souligne un expert du secteur financier, « il faudra encore convaincre les familles de choisir un produit plus risqué que le traditionnel livret A, même s’il est potentiellement plus rémunérateur ». L’enjeu sera donc de promouvoir ce produit auprès des jeunes et de leurs parents, en insistant sur ses avantages écologiques et financiers, tout en étant transparent sur les risques encourus.