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Incendies au Brésil : une guerre sans fin contre les flammes

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Le Brésil continue de lutter contre une vague d’incendies dévastateurs, malgré la chute de Jair Bolsonaro. Les conséquences de la politique de l’ancien président, combinées aux effets du réchauffement climatique, compliquent les efforts du gouvernement actuel pour contrôler la situation. Dans un pays où 90 % des feux sont d’origine humaine, la tâche est titanesque.

Un bilan accablant malgré un changement de cap

Depuis le début de l’année, le Brésil a enregistré 48 674 départs de feu, soit une augmentation de 76 % par rapport à la même période l’année précédente. Dans l’État de Sao Paulo, l’Institut de recherche spatiale a comptabilisé deux fois plus de foyers d’incendie que sur l’ensemble de l’année 2023. Ces chiffres témoignent de l’ampleur de la crise, renforcée par les effets du réchauffement climatique, mais aussi par les années de présidence de Jair Bolsonaro. L’ancien président, surnommé « le tronçonneur de l’Amazonie » pour ses politiques favorisant la déforestation, a laissé un héritage lourd à porter. « Le Brésil paye les conséquences des années Bolsonaro qui a sciemment miné et détruit les moyens de l’Ibama », explique Antoine Acker, historien écologique et spécialiste du Brésil. Avec une administration affaiblie et des feux qui se multiplient, le pays se trouve aujourd’hui en « guerre » contre les incendies, comme l’a récemment déclaré la ministre de l’Environnement, Marina Silva.

Le défi d’une lutte inégale contre l’impunité

La situation actuelle est le résultat d’un cercle vicieux. Sous Bolsonaro, les sanctions contre les déforesteurs et pyromanes ont été largement réduites, créant un sentiment d’impunité. « Son discours a complètement libéré les scrupules, les craintes de l’amende et de l’arrestation », souligne Antoine Acker. Depuis le retour de Luiz Inácio Lula da Silva au pouvoir en janvier 2023, des efforts ont été déployés pour inverser cette tendance. La déforestation a diminué de 50 % par rapport à l’année précédente, et les moyens alloués à l’Ibama, la police de l’environnement, ont été renforcés. Toutefois, le recul de l’impunité est lent et les forces libérées sous l’ère Bolsonaro continuent d’agir. « Certaines de ces forces sont toujours en action, et l’effet d’aubaine persiste », note Acker. En effet, 70 % des zones incendiées cette année se trouvent sur des terres déjà déboisées, car « les personnes qui démarrent ces incendies se disent que c’est l’occasion d’en faire une prairie et un pâturage », ajoutant une dimension économique à la catastrophe écologique.

Un combat contre des forces humaines et naturelles

Le gouvernement brésilien se retrouve donc face à un double défi : endiguer les incendies tout en restaurer une politique de protection environnementale rigoureuse. Pourtant, la tâche est colossale. « L’équivalent d’un département français est déboisé chaque année », rappelle Antoine Acker, illustrant l’ampleur du problème. Avec des feux d’origine humaine dans 90 % des cas, les autorités ont intensifié les arrestations et tentent de muscler leur communication pour dissuader les pyromanes. Mais, comme le souligne Acker, « plus le climat est sec, plus il est facile de déboiser, et plus on déboise, plus le climat est sec ». Ce cercle vicieux, alimenté par des intérêts économiques et l’absence de régulation stricte, perpétue une spirale de destruction difficile à briser. Le Brésil, entre urgence écologique et enjeux socio-économiques, se retrouve à un tournant décisif où chaque décision comptera pour l’avenir de l’Amazonie et du climat mondial.

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