À seulement 23 ans, Valentyn Frechka révolutionne l’industrie du papier. Grâce à son invention transformant les feuilles mortes en papier, ce jeune Ukrainien, désormais installé en France, a remporté le prix du Jeune inventeur de l’année 2024 décerné par l’Office européen des brevets (OEB). Une innovation prometteuse, soutenue par des géants comme L’Oréal et Weleda, qui pourrait bien changer notre manière de produire du papier.
Une idée née de l’observation
Valentyn Frechka, aidé de sa professeure de chimie, a eu une idée brillante en 2017 : utiliser les fibres des feuilles mortes pour produire du papier. « Les feuilles contiennent de la cellulose, la matière principale du papier. Et très vite nous avons eu de bons résultats », explique-t-il à nos confrères de 20 Minutes. Rapidement, son projet gagne une compétition nationale en Ukraine, suivie de plusieurs médailles à l’international. En 2020, il fonde Releaf Paper, une entreprise qui produit de la pulpe à partir de feuilles mortes, et prouve la viabilité de sa technologie. « Il fallait montrer que ça marche », affirme-t-il. Aujourd’hui, une tonne de cellulose peut être produite à partir de 2,3 tonnes de feuilles mortes, évitant ainsi l’abattage de 17 arbres.
Une production écoresponsable
Le processus de transformation des feuilles mortes est à la fois innovant et respectueux de l’environnement. Après un nettoyage minutieux, les feuilles sont traitées par un procédé thermo-mécanique impliquant broyage et ramollissement à vapeur haute pression pour isoler les fibres. « De l’eau est utilisée, mais pas de produit chimique », insiste Valentyn Frechka. La pulpe obtenue est ensuite mélangée à du papier recyclé pour produire du papier de qualité. Des entreprises comme L’Oréal, Weleda, et Logitech ont déjà adopté cette technologie pour leurs cartons, sacs et carnets. L’école internationale du papier et des biomatériaux de Grenoble, où Valentyn s’est perfectionné, a également contribué à l’affinement de ces techniques.
Une expansion internationale
En pleine guerre en Ukraine, l’activité de Releaf se poursuit dans le pays, avec une équipe de cinq personnes. Mais l’entreprise prend aussi son envol en France, grâce à un soutien européen de 2,5 millions d’euros. Une usine-pilote doit bientôt être inaugurée aux Mureaux, près de Paris. « Nous devons trouver des alternatives », déclare Valentyn Frechka, anticipant déjà de futurs développements pour des « papiers tissus ». Le coût de ce papier reste supérieur de 10 à 30 % par rapport à du papier recyclé, mais Valentyn est convaincu que les prix baisseront avec l’augmentation de la production. « Les consommateurs au 21e siècle ne veulent plus qu’on coupe des arbres pour cela », ajoute-t-il, envisagent déjà d’explorer les propriétés des feuilles de bananier ou d’ananas.
Ainsi, grâce à son ingéniosité et à sa détermination, Valentyn Frechka offre une solution innovante et durable pour l’industrie du papier, et une lueur d’espoir pour la préservation de nos forêts.