Un déséquilibre croissant
Le rapport de l’Iddri met en lumière un « déséquilibre offre/demande » de plus en plus prononcé en France, particulièrement pour la volaille, le porc et le bœuf. D’ici 2035, ce décalage pourrait se traduire par une « érosion très forte des structures moyennes et de petites tailles, aux maillons fermes comme industrie ». En conséquence, près d’un tiers des fermes et 20 % des abattoirs pourraient disparaître, entraînant une perte d’emplois de 30 % au niveau des fermes et de 14 % au niveau industriel. « Nous devons absolument trouver des moyens de soutenir nos producteurs locaux pour éviter une telle catastrophe, » insiste un expert de l’Iddri.
Moins de méthane mais plus de pollution
Bien que la baisse de production en France puisse réduire les émissions de gaz à effet de serre, le rapport souligne que le bilan global ne sera pas nécessairement positif. « En comptant les émissions importées des pays auprès desquels la France devra s’approvisionner, » le bilan carbone risque de se détériorer. Les petits élevages et abattoirs disparaissent, les prairies se rétractent, entraînant des impacts négatifs sur la biodiversité, le stockage de CO2 et la pollution de l’eau. « Le recul des ruminants se traduit par des impacts paysagers négatifs, » rappelle l’étude, soulignant l’importance des prairies pour l’environnement.
Repenser le débat sur la viande
Face à ces défis, l’étude appelle à dépasser le simple débat « pour ou contre la viande ». Les parties prenantes du secteur, notamment les éleveurs et les industriels, doivent « explorer d’autres futurs, » prenant en compte la diversité des enjeux liés à la production et à la consommation de viande. Il s’agit d’élargir le débat aux acteurs de la santé humaine, des territoires, de l’environnement, du bien-être animal et des politiques publiques. « Nous devons intégrer toutes ces dimensions pour trouver des solutions durables, » conclut un spécialiste. La réflexion collective est essentielle pour éviter un futur sombre pour le secteur de la viande en France.