Écologie en péril
Jeudi 1er février 2024, le Premier ministre français, Gabriel Attal, a annoncé une décision radicale en réponse à la colère grandissante du monde agricole. Le plan gouvernemental tant discuté, Ecophyto, visant à réduire de moitié l’utilisation des pesticides d’ici à 2030, a été mis « sur pause ». Cette annonce intervient après plus de dix jours de protestations de la part des agriculteurs, en particulier la FNSEA et les Jeunes Agriculteurs, exigeant un « moratoire sur les interdictions » de pesticides et un « rejet d’Ecophyto ». La décision de suspendre le plan a été justifiée par le besoin de « retravailler un certain nombre d’aspects, de le simplifier », selon le ministre de l’Agriculture Marc Fesneau. Cette pause survient alors que l’État a jusqu’au 30 juin 2024 pour mieux respecter ses trajectoires de réduction de l’utilisation des pesticides, sur ordre de la justice administrative.
Thiaclopride en question
Parallèlement à cette mise en pause d’Ecophyto, le Premier ministre Gabriel Attal a pris une mesure audacieuse pour renforcer la lutte contre les pesticides. Attal a annoncé qu’il empêcherait « sans délai » l’importation en France de fruits et légumes traités avec du thiaclopride, un pesticide de la famille des néonicotinoïdes. Bien que cette substance soit interdite en France depuis 2018 et dans l’Union européenne depuis 2019 en raison de ses risques pour la santé humaine et l’environnement, l’importation de produits traités avec ce pesticide est toujours autorisée au niveau européen. Attal a déclaré que la France prendrait des mesures de sauvegarde en avance de phase pour éviter une « concurrence déloyale ». Cette décision s’inscrit dans un contexte où le thiaclopride, qualifié de « perturbateur endocrinien suspecté » et « susceptible de provoquer le cancer », reste en usage dans d’autres pays européens.
Réactions contrastées et tensions croissantes
La mise sur pause d’Ecophyto a suscité des réactions contrastées. Alors que le gouvernement affirme la nécessité de retravailler le plan pour le rendre plus équilibré, les écologistes dénoncent un « recul inacceptable » et un « cadeau empoisonné » au monde agricole. Les agriculteurs, de leur côté, réclament des changements législatifs, mettant en avant la nécessité d’afficher une « pause normative ». La décision d’interdire l’importation de produits traités au thiaclopride a également été saluée par certains comme une mesure cruciale pour éviter une concurrence déloyale, mais elle a été critiquée par ceux qui estiment qu’elle n’adresse pas suffisamment les problèmes sous-jacents du modèle agricole. Les tensions entre les différents acteurs de la filière agricole et les autorités semblent s’accentuer, laissant entrevoir des débats et des négociations complexes à venir.