La France, troisième filière industrielle mondiale du nucléaire, annonce une relance majeure de ce secteur stratégique. Les récentes déclarations du président de la République, Emmanuel Macron, dévoilant une extension du parc nucléaire existant et la création de six nouveaux réacteurs, confirment l’importance continue de l’énergie nucléaire dans le pays. Alors que le nucléaire fait face à des critiques persistantes, sa contribution cruciale de plus de 70 % à l’électricité française la rend incontournable dans la transition énergétique.
Besoin croissant de main-d’œuvre : 150 000 emplois d’ici 2033
La relance du nucléaire s’accompagne d’un besoin massif de main-d’œuvre. Hervé Maillart, délégué permanent de la Filière nucléaire française, a souligné la nécessité de réaliser 150 000 embauches d’ici 2033. Ces recrutements massifs, entre 10 000 et 15 000 par an au cours de la prochaine décennie, mettent l’accent sur la demande significative dans des domaines variés. La priorité est donnée au recrutement de 4 000 ingénieurs par an, représentant 10 % des nouveaux diplômés annuels.
Les métiers spécialisés tels que la radioprotection et la sûreté nucléaire sont particulièrement ciblés, mais les ingénieurs généralistes ainsi que des professionnels de divers métiers industriels, comme soudeurs, chaudronniers, électriciens, robinetiers, tuyauteurs, mécaniciens et conducteurs de travaux, sont également en forte demande.
Initiatives et formations pour attirer vers le nucléaire
Malgré son statut de troisième filière industrielle en France, le nucléaire est confronté à des défis d’attractivité. Afin de susciter l’intérêt des nouveaux professionnels, le secteur s’est mobilisé en collaboration avec Pôle emploi. En 2021, l’Université des métiers du nucléaire a été créée pour promouvoir la diversité et la durabilité des emplois dans ce domaine. Des bourses d’études financées par l’État ont également été introduites pour des professions en tension, tandis qu’un portail web dédié, Monavenirdanslenucleaire.fr, facilite l’accès aux informations sur les métiers, les formations et les offres d’emploi.
La Semaine des métiers du nucléaire, lancée en 2023 et renouvelée en 2024, vise à sensibiliser les personnes en reconversion et les jeunes en formation aux opportunités offertes par le secteur.
Formation intégrée et pratique sur le terrain
Avec environ 5 800 établissements dispensant des formations liées au nucléaire, le secteur dispose d’une base éducative solide, couvrant du CAP au bac + 5. L’Université des métiers du nucléaire a déployé en 2023 le « Passeport nucléaire » au niveau national. Ce programme innovant intègre des enseignements dédiés aux enjeux et métiers du nucléaire, offrant aux étudiants des connaissances pratiques et une première expérience des centrales. Les étudiants ont également accès à un soutien pour la recherche de stages ou d’alternance dans le secteur.
Exemples concrets de reconversions et perspectives d’emploi
La cérémonie de remise des Certificats de qualification paritaire de la métallurgie (CQP) met en lumière des exemples concrets de reconversions réussies. Des individus aux parcours divers, tels que Lucas Clauzel, Mathieu Parra, et Otis Ndiaye, ont acquis des compétences spécifiques en obtenant le CQP de technicien d’intervention sur site nucléaire. Ces programmes de formation sur mesure, en partenariat avec des organismes tels que Trihom, une filiale d’Orano, répondent aux besoins spécifiques du secteur, tout en élargissant la diversité des profils.
Trihom et l’École des Métiers d’Orano DS
Trihom, en tant qu’organisme de formation, est capable de créer des programmes pédagogiques personnalisés pour répondre aux besoins spécifiques du secteur nucléaire. Le directeur de l’établissement Trihom de Saint-Paul-Trois-Châteaux souligne la diversité des profils parmi les quelque 6 000 stagiaires accueillis chaque année.
Le secteur nucléaire, représenté par Orano DS, a recruté près de 550 nouveaux collaborateurs l’année dernière, soulignant la croissance continue et les engagements commerciaux. La création de l’école des métiers d’Orano DS montre l’engagement envers la formation et le développement des compétences nécessaires pour maintenir la cadence dans un contexte de reprise du secteur nucléaire en France.
Transition énergétique et développement humain
La relance du nucléaire en France s’inscrit dans le contexte plus large de la transition énergétique et de la nécessité de garantir un approvisionnement énergétique stable. Les emplois massifs prévus dans le secteur nucléaire soulignent l’importance de la planification et de la préparation adéquate des ressources humaines pour répondre aux défis actuels et futurs. Les initiatives visant à renforcer l’attractivité du secteur et les programmes de formation adaptés témoignent d’un engagement envers un développement humain durable dans le contexte d’une industrie nucléaire revitalisée.