La désignation du ministre azerbaïdjanais de l’Écologie, Mukhtar Babayev, à la présidence de la COP29 à Bakou en novembre prochain a suscité des préoccupations parmi plusieurs ONG. L’homme politique, vétéran de l’industrie pétrolière et peu connu du grand public, succède ainsi à Sultan al-Jaber, qui présidait la dernière COP28 aux Émirats arabes unis. Cette nomination, impliquant un acteur de l’industrie pétrolière à la tête d’une conférence sur le climat, inquiète certains acteurs engagés dans la lutte contre le réchauffement climatique.
Mukhtar Babayev : Du secteur pétrolier à la Présidence de la COP29
À 56 ans, Mukhtar Babayev, en tant que président désigné de la 29e session de la conférence des parties, marche dans les pas de son prédécesseur émirati. Sultan al-Jaber avait présidé la COP28 tout en étant à la tête de la principale compagnie pétrolière émiratie, Adnoc. Dans le cas de Mukhtar Babayev, il occupera ce rôle tout en ayant travaillé pendant seize ans pour la compagnie nationale pétrolière et de gaz Socar.
Bien que les présidents de COP n’aient pas de rôle décisionnaire, ils jouent un rôle crucial dans la facilitation des négociations et la proposition de compromis. C’est la deuxième fois consécutive qu’un individu issu du secteur pétrolier assume cette fonction symbolique.
Réactions des ONG et attentes pour la COP29
Cette nomination symbolique a généré des inquiétudes parmi les ONG engagées dans la lutte contre le réchauffement climatique. Alice Harrison de Global Witness a exprimé un « sentiment de déjà-vu » avec un « ancien responsable pétrolier issu d’un pétro-État autoritaire ». Le Climate Action Network, le plus grand réseau d’ONG présent aux COP, a appelé Mukhtar Babayev à renforcer les résultats de la COP28 sur la transition hors des énergies fossiles et à faire du financement de cette transition une grande priorité pour la COP29.
Peu d’informations sont disponibles sur Mukhtar Babayev, mais il est notoire qu’avant de se lancer dans l’industrie pétrolière, il a fait ses études à Moscou et a travaillé au sein de plusieurs administrations azerbaïdjanaises. De 1994 à 2003, il a rejoint la Socar, où il a occupé plusieurs postes, avant de prendre un tournant politique en 2010 en se faisant élire député sous les couleurs du Parti du nouvel Azerbaïdjan. En 2018, il est devenu ministre de l’Écologie, représentant son pays lors de la dernière conférence sur le climat à Dubaï.
Dépendance aux hydrocarbures de l’Azerbaïdjan et questions de conflit d’intérêts
La transition de Mukhtar Babayev de vétéran de l’industrie pétrolière à homme politique en charge du portefeuille de l’écologie soulève des questions sur un éventuel conflit d’intérêts, similaire à celui révélé par une enquête de la BBC concernant Sultan al-Jaber. La COP29 en Azerbaïdjan rappellera celle des Émirats, soulignant l’importance historique du pays dans l’industrie pétrolière au début du XXe siècle.
L’Azerbaïdjan, bien que dépendant moins du pétrole que par le passé, reste un acteur significatif de l’industrie des hydrocarbures. Le choix de pays grands producteurs d’énergies fossiles pour accueillir des conférences sur le climat soulève des questions de crédibilité pour le processus de désignation, selon certains observateurs. Les ONG appellent à des séparations strictes entre les intérêts pétroliers et les présidences des COP pour garantir la crédibilité du processus.