Le régime « Cat Nat » sous pression
La France se trouve confrontée à un avenir où le coût des catastrophes naturelles pourrait atteindre des sommets vertigineux d’ici 2050, selon une étude conjointe de la Caisse centrale de réassurance (CCR) et Météo-France. Cette analyse préliminaire pointe du doigt le changement climatique, qui risque d’impacter lourdement le régime « Cat Nat », permettant l’indemnisation des citoyens en cas de sinistre lié à des phénomènes naturels. Le péril le plus préoccupant réside dans la sécheresse, avec des prévisions indiquant une fréquence accrue d’événements pluriannuels coûteux.
Les coûts déjà en hausse et une projection inquiétante
L’étude met en lumière une augmentation continue des dommages moyens annuels depuis les années 2000, avec des événements marquants tels que la crue de la Seine en 2016 et les sécheresses répétées entre 2016 et 2020. La sécheresse exceptionnelle de 2022 a été évaluée à 3,5 milliards d’euros, soulignant une tendance inquiétante. Les projections à l’horizon 2050 indiquent que, même dans le scénario le plus optimiste, les dommages augmenteront en raison de l’intensification des événements climatiques. Selon la CCR, « les montants des dommages vont augmenter à l’horizon 2050 en raison d’une hausse de l’intensité des événements climatiques ». Dans le climat actuel, le coût moyen tous périls confondus est estimé à un peu plus de 2 milliards d’euros par an. En 2050, cette somme pourrait augmenter de 27 %, dépassant ainsi les 2,5 milliards d’euros. En prenant en compte les enjeux sinistrés, tels que l’augmentation de la population et de la densité urbaine, la hausse attendue est de 47 %, atteignant un coût annuel moyen de 3 milliards d’euros.
Le détail des projections met en avant des augmentations significatives pour différents périls. Le coût annuel moyen pour les inondations devrait augmenter de 43 %, passant de 979 millions d’euros à 1,4 milliard en 2050. Les submersions marines connaîtront une augmentation plus marquée, avec une hausse attendue de 113 %, passant de 68 millions à 145 millions d’euros. Cependant, le péril le plus alarmant reste la sécheresse, où le coût annuel moyen pourrait augmenter de 59 %, passant de 726 millions d’euros à 1,156 milliard d’euros en 2050. Les sécheresses pluriannuelles, comparables à la séquence 2016-2020, devraient voir leur fréquence augmenter significativement, justifiant ainsi la nécessité d’une politique de prévention collective.
Ces estimations sont basées sur des scénarios du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec). Même le scénario le plus optimiste du Giec, le RCP 4.5, indique une hausse significative des coûts. Les scénarios plus pessimistes prévoient des coûts annuels colossaux, avec une moyenne annuelle de 2,108 milliards d’euros pour les sécheresses et 3,845 milliards d’euros tous périls confondus en 2050. La France se trouve à un carrefour critique, nécessitant une action immédiate pour atténuer les effets dévastateurs attendus.