Une pénurie de main-d’œuvre qui s’étend sur toute la France
Que ce soit pour réindustrialiser la France ou pour lutter contre le dérèglement du climat, nos forêts ont donc besoin… de bras. Car le changement climatique est rapide, très rapide, trop rapide – dix fois plus, estiment les spécialistes, que la capacité des forêts à s’adapter au phénomène. Autrement dit, sans intervention humaine et gestion forestière, la forêt n’aura pas le temps de s’habituer aux nouvelles conditions climatiques. Rendre les forêts plus résilientes, diversifier les essences d’arbres et les modes de sylviculture font ainsi partie des missions prioritaires des forestiers, dont le rôle d’accompagnement sur le long terme est aujourd’hui plus nécessaire que jamais. Problème : le secteur fait face à une véritable crise de vocation.
Loin du cliché du bûcheron en chemise à carreaux, la filière bois-forêt propose pourtant un large éventail de métiers. Aussi bien en amont – techniciens forestiers, conducteurs d’engins, ouvriers sylvicoles, pépiniéristes, élagueurs, gestionnaires, etc. – qu’en aval : dans les scieries, dans la construction bois (charpentiers, monteurs-agenceurs-poseurs, techniciens de bureaux d’études, etc.) ou encore dans la fabrication de meubles et d’objets divers (ébénistes, menuisiers, tonneliers, etc.). Des métiers variés, donc, en manque de main d’œuvre : dans le Grand-Est par exemple, 60 % des employeurs de la filière reconnaissent rencontrer des difficultés de recrutement. Et la situation n’est pas plus brillante dans les autres régions de l’Hexagone, où la plupart des métiers de la filière sont en tension.
À la découverte des « Very Wood Métiers »
Pour tenter de répondre à cette problématique et susciter des vocations tant chez les plus jeunes que chez les adultes en reconversion, la filière a, au début du mois d’octobre, organisé d’inédites portes ouvertes. Baptisé « Very Wood Métiers », l’événement n’a pas hésité à jouer la carte de l’humour, à l’image de son slogan : « Si vous cherchez du bouleau, y’en a dans les bois ! ». Un clin d’œil derrière lequel se cachent des milliers de « vrais » boulots : « des métiers d’action forts en émotion et en sensations, ayant la nature comme terrain de jeu » ; « des métiers qui ont du sens (…) car ils préservent la forêt des attaques du changement climatique et décarbonent l’économie ».
Mais aussi « des parcours, des carrières et des perspectives d’évolution », au sein d’une « filière aux collectifs forts et à la communauté soudée », proposant des « métiers de talent, d’expertise multiséculaire, de respect des savoir-faire ». Autant de valeurs qui parlent à la nouvelle génération éco-anxieuse comme aux urbains en quête de grand air. Et pour les approcher de plus près, l’initiative s’est aussi dotée d’un compte Tiktok, réseau social de prédilection des jeunes générations. En reprenant certains codes propres à la plateforme, Very Wood Métiers entend promouvoir et valoriser les métiers de la forêt auprès des générations X et Z. Une action allant de pair avec les portes ouvertes qui ont eu lieu du 4 au 6 octobre. En assurant une présence à la fois physique et digitale, Very Wood Métiers rend possible la découverte des entreprises et des professionnels qui s’engagent pour l’avenir de leur territoire comme pour celui de la planète toute entière. De quoi susciter un nouveau retour vers la forêt ?