À Strasbourg, deux mouvements de protestation s’affrontent au sujet d’un pilier essentiel du « pacte vert » de l’UE.
Des militants écologistes et des organisations agricoles se sont affrontés le 10 juillet à Strasbourg pour savoir s’il fallait tuer ou sauver la nouvelle réglementation européenne visant à favoriser la restauration de la nature.
Les manifestations de 10 juillet, qui se sont déroulées de part et d’autre du bâtiment du Parlement européen, constituaient une tentative de dernière minute pour tenter d’influencer le résultat d’un vote crucial – et probablement très serré – sur la proposition législative prévu le lendemain en séance plénière.
La militante climatique Greta Thunberg s’est jointe à la manifestation écologiste, appelant les politiciens à « choisir la nature, à choisir les gens plutôt que le profit et la cupidité » et à « adopter la loi la plus forte possible« .
« Nous espérons qu’ils nous prouveront que nous avons tort« , a déclaré Greta Thunberg, demandant aux députés européens de « se tenir du bon côté de l’histoire« .
Manfred Weber, chef de file du Parti populaire européen (PPE), a répliqué du côté de la manifestation des agriculteurs que « nous sommes totalement engagés à prendre la biodiversité au sérieux, mais nous devons le faire ensemble, avec les agriculteurs, avec les zones rurales« . Il a réitéré son appel à la Commission européenne pour qu’elle retire sa proposition, considérée comme un pilier clé du Pacte Vert de l’UE, et qu’elle en propose une meilleure.
Norbert Lins, membre allemand du PPE et président de la commission de l’agriculture du Parlement, s’est également prononcé contre la législation.
« Dire que la lutte contre la perte de biodiversité et le changement climatique va toujours dans la même direction… ce n’est pas vrai « , a-t-il déclaré, arguant que les mesures qui peuvent avoir un impact positif sur la biodiversité peuvent parfois entrer en conflit avec les projets d’énergie renouvelable. L’industrie des énergies renouvelables le nie.
Norbert Lins a également critiqué l’accord de compromis que le groupe libéral Renew Europe a élaboré pour tenter d’obtenir une majorité d’eurodéputés pour soutenir le règlement sur la restauration de la nature. « Ce n’est pas acceptable et ce n’est pas vraiment une solution. »
Agriculture et environnement vont du même côté
Christiane Lambert, présidente de l’association des agriculteurs européens Copa-Cogeca, qui a participé à la manifestation des agriculteurs, a également déclaré que « la biodiversité est un bien commun » et que les agriculteurs jouent un rôle clé dans sa sauvegarde. « Mais cette loi est punitive et devrait s’accompagner d’une compensation financière plus importante pour les agriculteurs« , a-t-elle déclaré.
Les agriculteurs ne veulent pas être les otages d’une guerre entre le PPE, les Verts et les socialistes, a ajouté Mme Lambert.
Toutefois, lors d’une matinée chaude à Strasbourg où les tensions étaient vives, l’eurodéputée verte Anna Deparnay-Grunenberg a rétorqué que certaines des demandes des conservateurs – notamment l’augmentation du financement de l’UE pour les agriculteurs – avaient été satisfaites lors des négociations entre les groupes politiques au cours des derniers mois.
« Nous ne devrions pas nous méprendre sur la bataille qui se déroule actuellement« , a-t-elle déclaré, « mais les conservateurs ne savent pas dans quelle direction aller avant les élections européennes de 2024. «
Greta Thunberg a également déclaré que « les agriculteurs et l’environnement vont de pair, il ne peut y avoir de nourriture sans nature et en détruisant notre système de survie, il deviendra encore plus difficile de garantir la sécurité alimentaire« . « Nous sommes du même côté« , a-t-elle ajouté.