40 000. C’est le nombre de visiteurs attendus cette année au salon Euroforest. Parmi eux, le ministre de l’Agriculture, Marc Fesneau, qui fera le déplacement vendredi 23 juin. Un déplacement qui souligne toute l’importance accordée aux forêts et à sa filière, plus que jamais au cœur de l’actualité, entre changement climatique et résilience des peuplements, souveraineté énergétique et en matériaux renouvelables, indispensables pour décarboner notre économie.
Un secteur qui cristallise les attentes…
Pour revenir sur ces nombreux défis, le salon Euroforest organisera une série de tables rondes sur les problématiques forestières, dont un sujet brûlant, celui du changement climatique. Le 11 mai dernier, Jean-François Dhôte, directeur de recherche à l’INRAE, a insisté sur le « poumon vert » que représentait la forêt tricolore. Tout d’abord parce que les arbres séquestrent du carbone dans l’atmosphère, via la photosynthèse, mais aussi parce que le bois peut remplacer certains matériaux plus énergivores et plus émetteurs de gaz à effet de serre (notamment dans le secteur de la construction et de l’énergie). Lors de la dernière publication des indicateurs de gestion durable en 2020, l’IGN évaluait le puits de carbone de la filière forêt-bois à environ 117 millions de tonnes CO2 par an. Toujours selon l’IGN, 2/3 de ces réductions sont liés à l’augmentation du volume bois en forêt.
Difficile, par conséquent, de se passer des forêts pour atteindre les objectifs tricolores de neutralité carbone. Pourtant, ces dernières sont menacées par… les effets du changement climatique. Le CITEPA a ainsi fait état de la baisse du puits de carbone, 48% depuis 2010. En cause, la baisse de croissance et la mortalité des peuplements, entraînant une augmentation des prélèvements avec les récoltes sanitaires. En une décennie, la mortalité des arbres aurait augmenté de 54 % en raison des sécheresses, mais aussi de la multiplication des attaques de ravageurs (insectes, champignons, etc.), dont certaines sont favorisées par le changement climatique : « Jusqu’ici, les épisodes de forte mortalité, tels que les tempêtes de 1999 ou 2009, étaient considérés comme des accidents. Il va maintenant falloir les gérer de façon systémique et non épisodique », ajoute Florin Malafosse, expert forêts et filière bois chez Solagro.
À la fois victime et solution du changement climatique, les forêts françaises peuvent compter sur les 400 000 professionnels pour continuer à relever ces nombreux défis. Un nombre appelé à croître, car la filière, en manque de bras, recrute. Un autre enjeu de taille pour le salon : « Pour moi, le plus important à Euroforest, c’est d’arriver à sensibiliser les jeunes. De manière générale, il y a un énorme travail à faire sur la valorisation de nos métiers, sur la formation et la pénibilité du travail qui a beaucoup évolué, dans le bon sens », estime Cédric Turé, le directeur de PRO-ETF BFC, l’association des entrepreneurs forestiers de la région.
Un rendez-vous phare pour la filière
Même son de cloche chez Cyrille Ducret, PDG de la scierie éponyme : « Pour planter un arbre, il faut des bras. […] Si on avait plus de pioches que de tableaux Excel, ça serait mieux. Les vrais protecteurs de la forêt, c’est nous ! », avance-t-il, alors que les travaux de replantation dans le massif des Landes de Gascogne, ravagé par les feux de forêt l’été dernier, ont débuté.
Selon le ministère de l’Agriculture, les entreprises et coopératives du bois proposent, chaque année, entre 20 000 et 30 000 postes, dont plus de la moitié ne sont pas pourvus. En cause ? « Les métiers de la forêt et du bois sont méconnus par une grande partie de la jeunesse, essentiellement urbaine », explique Nicolas Jobin, responsable communication de l’UCFF, le regroupement des coopératives forestières. Pour tenter de la séduire, le salon Euroforest sera l’occasion, pour les professionnels et exposants, de présenter de nouveaux outils de travail innovants, à la fois plus respectueux de l’environnement et propices à l’amélioration des conditions de travail des forestiers.
« Au-delà des innovations techniques, on note une nette tendance en matière de recherche et de développement pour réduire la pénibilité des métiers et aller vers une exploitation toujours plus respectueuse des sols », indique en effet Richard Lachèze, le directeur d’Euroforest.
Plus qu’un salon professionnel, Euroforest devrait être, en somme, un moyen de sensibiliser le grand public aux enjeux et aux défis fondamentaux de la filière forêt-bois, dans un contexte de changement climatique alarmant. « [Euroforest] c’est aussi un moment d’échange avec le grand public dans une filière où les professionnels sont habitués à travailler en solitaire, ou groupes réduits, “cachés sous la canopée” », estime Richard Lachèze.