Certes, il ne faut pas oublier que le Fonds monétaire international (FMI) est une organisation d’obédience libérale au niveau économique, qui défend une faible implication de l’État dans l’économie (et donc lutte contre les subventions publiques), et une limitation de la dette publique.
Le FMI met en garde contre une « course aux subventions vertes »
Qu’il soit plutôt critique des politiques s’appuyant largement sur des subventions publiques n’est donc pas une surprise. Mais le voir défendre une taxe, forte, défendue par la puissance publique et permettant de renflouer ses caisses pour lui donner un pouvoir de redistribution est plus surprenant.
C’est pourtant la position que vient de prendre Gita Gopinath, numéro 2 de l’instance onusienne, durant une conférence au Peterson Institute for International Economics (PIIE) à Washington, ce 31 mai 2023. Evoquant les besoins de financement pour la transition énergétique, elle a en effet regretté le choix des pays les plus riches, États-Unis en tête, de privilégier massivement les subventions publiques, au détriment de la taxation du carbone.
Elle reconnaît certes que les subventions sont nécessaires, notamment pour stimuler l’innovation technique, indispensable à la transition énergétique, et soutenir des secteurs peu rentables mais permettant de décarboner l’économie. Mais elle a aussi appelé à éviter une « course aux subventions ».
Au-delà de sa défense de l’orthodoxie budgétaire, elle évoque des risques d’effets-pervers au niveau mondial : si les pays riches « déploient largement des ressources », ils risquent de débloquer « des subventions beaucoup plus coûteuses (…) que nécessaire » et laisser « sur la touche » les pays plus petits ou avec moins de moyens financiers.
La taxation du carbone, une méthode plus efficace pour financer la transition énergétique
Surtout, estime Gita Gopinath, un autre outil est disponible, autrement plus efficace. « Nous devons vraiment mettre la tarification du carbone sur la table, malgré tous les problèmes politiques qui l’entourent. Nous ne pouvons pas considérer les subventions comme un substitut complet aux taxes sur le carbone ».
Car, défend-elle, « sur le plan budgétaire, la tarification du carbone fait une énorme différence par rapport aux subventions » : elle fait augmenter les revenus de l’État, qui pourront être utilisés « pour aider les ménages et les entreprises touchés par cette transition », et pour réduire la dette.
Taxer le carbone fait mécaniquement monter le prix des biens et services émettant des gaz à effets de serre, directement ou indirectement. Ainsi, le prix du carbone s’avère « très efficace pour canaliser les investissements là où ils doivent aller et fournir les bons types d’incitations aux acheteurs pour qu’ils passent d’un type d’énergie à un autre ».
La taxe sur le carbone aurait enfin selon elle l’avantage de limiter la hausse des taux d’intérêt (par rapport aux subventions), et donc de faciliter les capacités d’emprunt pour les nécessaires investissements dans les technologies bas carbone.