Gérer durablement les forêts est un impératif pour la transition énergétique. En quoi la certification PEFC y contribue-t-elle concrètement ?
Alors que la forêt et le bois sont au cœur des enjeux environnementaux et industriels, la question de la durabilité de la gestion des forêts devient un enjeu essentiel pour préserver la ressource forestière et attester que les produits en bois ou à base de bois proviennent de sources contrôlées.
Notre mission au sein de PEFC, organisation internationale créée en 1999, est de certifier la gestion durable de la forêt en garantissant l’équilibre entre ses 3 dimensions. Économique d’une part, en assurant la gestion raisonnée de la ressource bois. Sociétale, d’autre part puisque la certification PEFC s’assure de la bonne prise en compte des personnes qui y travaillent et s’y promènent. Environnementale, enfin, car la certification PEFC contribue notamment à préserver la biodiversité, protéger les sols et les ressources en eau et favoriser la diversité des essences.
Chaque jour, nous faisons de la sensibilisation auprès de l’ensemble des acteurs de la forêt, du bois et du papier, pour que chacun prenne conscience de la nécessité de gérer durablement les forêts ; et attester que les produits qui en sont issus proviennent de sources contrôlées. PEFC est présent dans 55 pays à travers le monde et rassemble en France plus de 78 000 propriétaires forestiers et plus 3 200 entreprises. Notre responsabilité est donc majeure !
Quels sont les prérequis à suivre pour qu’une forêt obtienne la certification PEFC ?
C’est avant tout une démarche volontaire, d’où la nécessité d’expliquer le rôle de la certification. Les propriétaires forestiers de forêts publiques ou privées qui sont certifiés doivent remplir des critères précis en termes de gestion durable pour obtenir la certification PEFC.
Celle-ci repose sur un référentiel ou un recueil d’exigences, basé sur le principe de l’amélioration continue. Il est révisé tous les 5 ans, pour prendre en considération l’évolution des enjeux économiques, sociétaux et environnementaux forestiers nationaux. Je pense que nous pouvons tous constater que ces enjeux ont beaucoup évolué depuis 5 ans.
La traçabilité du bois devient un enjeu majeur. C’est un sujet sur lequel la certification PEFC a apporté des réponses depuis sa mise en place. Pouvez-vous nous dire lesquelles ?
Le bois est le matériau durable par excellence. En plus de stocker le CO2, il permet de limiter les émissions de dioxyde de carbone et d’assurer d’excellentes performances énergétiques des bâtiments, puisqu’il est près de douze fois plus isolant que le béton. Le bois est donc l’une des réponses indispensables aux défis énergétiques auxquels sont confrontés de nombreux secteurs.
Mais si l’augmentation de la demande en bois est une bonne nouvelle, il faut impérativement que celle-ci s’accompagne de garanties pour attester de la préservation des forêts et de la ressource. C’est d’ailleurs l’objectif des réglementations récentes pilotées par la Commission européenne en lien avec le Green deal comme la Directive RED II ou encore le RDUE : règlement européen contre la déforestation. La demande en bois est exponentielle, avec pour conséquence directe une pression accrue sur les forêts.
Dans ce contexte, je pense que la certification PEFC est plus que jamais clé, et elle doit aussi être attentive à l’évolution de cet environnement. Traçabilité, contrôle des approvisionnements : tous ces éléments sont autant de paramètres pour accompagner la demande accrue en matériau bois, et PEFC se doit d’être un outil au service des différents maillons de la chaîne.
Prenons un exemple concret : PEFC est signataire des différents pactes bois biosourcé portés par les FIBOIS en région afin de promouvoir la certification de gestion durable. Et nous voyons déjà concrètement à l’œuvre de nombreux projets et acteurs architectes, maîtres d’œuvre et maîtres d’ouvrage, prescripteurs publics comme privés, qui portent cette conviction de la nécessité de garantir la gestion durable des forêts.
Quelles avancées avez-vous notées depuis la mise en place de la certification ?
La conscience de l’urgence de préservation de notre planète est désormais partagée par le plus grand nombre. Le contexte réglementaire évolue, les demandes des consommateurs en termes de garanties se font plus pressantes et de plus en plus de donneurs d’ordres s’engagent pour la certification PEFC dans l’optique de garantir leurs approvisionnements.
La certification est une solution opérationnelle dont les entreprises peuvent se saisir : attester que le bois est issu de forêts gérées durablement et de sources contrôlées, et ainsi que les produits finis en bois certifié participent à la préservation des forêts.
À titre d’exemple, je pense à la SOLIDEO qui demande que 100% des bois mis en œuvre pour les JO à Paris en 2024 soient certifiés, et de nombreux acteurs sont sensibilisés à l’importance de mettre en œuvre une démarche de certification. Mais les enjeux restent nombreux et le chemin est long. C’est ensemble que nous réussirons à relever les défis de la forêt aujourd’hui et demain.
Vous avez amorcé une réflexion récente pour renforcer vos exigences ; quels en sont les objectifs et les parties prenantes ?
Dans le cadre de la 4ème révision des standards de gestion forestière durable PEFC pour la France, ce travail a été confié à un Forum qui regroupe les différents acteurs concernés par la forêt en France. Pendant 1 an et demi, 117 parties prenantes réunies en groupe de travail ont dialogué ensemble pour aboutir à une nouvelle proposition de référentiel. On retrouve par exemple des personnes morales ou physiques issues du secteur de la sylviculture, de la filière forêt-bois-papier, des associations de protection de l’environnement et de la société civile (association des consommateurs, syndicat de travailleurs, communauté éducative) ainsi que des experts de la sphère scientifique et des observateurs. Puis, une consultation publique a eu lieu pour permettre à toute personne et organisation intéressée de partager ses commentaires et ses propositions d’amélioration. Toutes les contributions collectées ont ensuite été synthétisées dans un rapport transmis au Forum. Celui-ci est en train de les examiner et devra décider de celles à prendre en compte dans les futurs standards PEFC de gestion forestière durable, avant d’en approuver la version finale. Un processus important qui permet l’expression de toutes les sensibilités et fonctionne sur le principe de la concertation et de recherche du consensus.
Les nouveaux standards de gestion forestière durable PEFC qui s’appliqueront dans les forêts certifiées de France métropolitaine et de Guyane française devraient entrer en vigueur courant 2024. Plus que jamais, nous sommes convaincus que la force du collectif fera la différence pour l’avenir des forêts !