Sans la Chine, le bilan mondial de l’utilisation du charbon serait tout juste encourageant, mais loin des impératifs climatiques. Avec la Chine, il bascule dans le quasi-irrationnel. Telles sont les implacables conclusions du rapport 2022 du Global Energy Monitor sur l’utilisation du charbon pour produire de l’électricité dans le monde, publié le 6 avril 2023.
La capacité des centrales au charbon a encore augmenté en 2022 dans le monde
Il rappelle que, pour maintenir le réchauffement climatique sous les 1,5 °C, il faudrait fermer toutes les centrales au charbon dans les pays développés en 2030, dans les pays en développement en 2040. Cela correspond à une moyenne de 117 GW de capacité retirée tous les ans.
Or, en 2022, si 26 GW de centrales ont bien été fermées, 45,5 GW ont été mises en service, soit un solde net positif de 19,5 GW. Les États-Unis ont arrêté 13,5 GW, l’Union européenne (ralentie par la crise du gaz russe) seulement 2,2 GW, mais ces chiffres devraient continuer d’augmenter dans les années à venir. Aucun nouveau projet de centrales à charbon n’est actuellement en projet aux États-Unis ou en Europe.
« En dehors de la Chine, le parc mondial de centrales au charbon a continué à se réduire, bien qu’à un rythme plus lent que les années précédentes », exposent les auteurs du rapport. La Chine a elle seule a en effet mis en service 27 GW de nouvelles centrales au charbon. Sans la Chine, le bilan serait une baisse de 7,5 GW, insuffisante, mais encourageante.
La Chine continue de miser massivement sur le charbon
Pire : la Chine a accordé des permis à tour de bras pour de nouvelles centrales. Actuellement, la réserve de projets en cours de développement (validés ou en cours de construction) atteint 126 GW en Chine.
« Plus de nouveaux projets de charbon sont mis en service, plus les réductions et les engagements devront être importants à l’avenir. À ce rythme, la transition vers l’abandon du charbon actuel et nouveau ne se fera pas assez rapidement pour éviter le chaos climatique », alerte Flora Champenois, auteur principal du rapport et chef de projet pour le Global Coal Plant Tracker du Global Energy Monitor,
« Le GIEC et les Nations unies ont tous deux renouvelé l’ordre de réduire progressivement la production d’électricité à partir du charbon dans le monde entier, ce qui pourrait être notre dernière chance d’éviter les effets les plus graves du réchauffement de la planète », ajoute-t-elle.