La réforme des retraites, contraire aux objectifs climatiques ? La thèse est défendue par un collectif d’associations, d’activistes et de scientifiques, qui signent, le 5 avril 2023, une tribune pour France Info, baptisée Pour le climat, l’urgence est avant tout de réduire notre temps de travail.
« Travailler plus, c’est produire plus, c’est extraire plus, c’est polluer plus »
« Travailler plus, c’est produire plus, c’est extraire plus, c’est polluer plus. Construite sur un modèle économique productiviste insatiable, destructeur du climat et de la biodiversité, la réforme des retraites va à rebours de l’urgence, la vraie », indiquent les signataires.
« Le rapport du Conseil d’orientation des retraites (COR) ne nous prédit pas un monde invivable en 2050, le rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec) », ajoute-t-il, en appelant à manifester contre la réforme du gouvernement, allongeant de deux ans la durée légale de départ en retraite.
« Le sens du progrès, notamment dans sa dimension sociale, doit nous mener vers une société juste, équilibrée et permettre de vivre mieux, d’avoir du temps pour nous, de choisir ce que l’on produit et comment on le produit. L’humain devient un obstacle pour le capitalisme libéral qui préfère les machines qui ne font pas grève, ne se mettent pas en arrêt de travail et qui ne prétendent pas à la retraite ! », précise également la tribune.
« Le coût de l’inaction est supérieur au coût de la décarbonation »
Sur l’antenne de France Info, l’économiste Yamina Saheb, chercheuse à l’OFCE, docteure en énergétique et autrice du GIEC, revient sur une colère qui monte dans la jeune génération, et sur la nécessité de revoir le logiciel économique de nos sociétés pour répondre aux impératifs climatiques.
« Cela se voit que les jeunes se projettent dans le futur et pas dans le modèle économique dans lequel nous avons grandi. La réforme des retraites n’est rien d’autre que la poursuite d’un modèle économique qui a atteint ses limites et les jeunes n’en veulent pas. Ils veulent un modèle d’avantage tourné vers l’économie du bien-être et du partage », pointe la chercheuse.
Elle appelle de ses vœux un changement structurel profond, qu’impose l’urgence climatique. Elle rappelle que « le coût de l’inaction est supérieur au coût de la décarbonation », et fustige les mesures climatiques du gouvernement français, qui « essaye d’être dans le XXIe siècle avec le système du XXe siècle qui a atteint ses limites économiques et sociétales ».