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Recyclage : Des vieux arbres aux couteaux artisanaux

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En Loire-Atlantique, l’atelier JHP s’est mis à réaliser des couteaux artisanaux dont le manche est composé de bois de morta, un bois noir et rare, resté des siècles dans la tourbe des marais.

« J’ai le sentiment que, lorsqu’on est inquiet pour l’avenir, on se raccroche aux valeurs du passé. L’une de ces valeurs, c’est le souvenir du grand-père avec son couteau dans la poche. On a dépassé la simple fonction utilitaire », raconte Jean-Henri Pagnon, le fondateur de l’atelier JHP.

« On a beaucoup de demandes. Certains modèles partent en quatre minutes en ligne dès qu’ils sont réapprovisionnés », s’enthousiasme-t-il.

A Saint-André-des-eaux, près de Nazaire, en Loire-Atlantique, une coutellerie artisanale séduit de plus en plus de monde depuis sa création en 2009.

Sa particularité ? Le manche fabriqué en bois de morta, un bois de chêne fossilisé extrait de la tourbe des marais de Brière.

Du bois enseveli pendant 5 000 ans

Jean-Henri Pagnon, découvre l’existence du bois de morta grâce à l’ouvrage d’Alphonse de Châteaubriant ; Il explique avec passion : « Il y a 5 000 ans environ, i y avait une forêt de chênes ici en Brière. Les arbres se sont couchés au rythme des tempêtes et, en tombant, ils sont restés emprisonnés dans la tourbe, à l’abri et de l’eau. Ce bois a traversé les siècles. Il a connu les Vikings, le Moyen-Âge, la Révolution et il se porte encore très bien aujourd’hui. Son histoire est exceptionnelle, c’est ce qui lui donne son incroyable noblesse ».

« Autorisée par la commission syndicale de la grande Brière mottière, l’extraction du bois fossilisé s‘effectue uniquement à l’aide de quelques outils traditionnels. Il faut d’abord sonder le sol tourbeux, inlassablement, tous les 30 cm. Les troncs se trouvent à environ un mètre de profondeur. Quand on sent une résistance, c’est qu’on en a trouvé un. Il faut alors creuser sur toute sa longueur, entre 5 et 10 mètres, pour le libérer. C’est très éprouvant, on finit la journée couverts de terre et exténués », raconte ce chef d’entreprise.

« Prix du public » Made in France

6 000 couteaux sont construits manuellement chaque année par cet atelier, déclinés en une trentaine de modèles (couteau de cuisine, couteau de trappeur, couteau à tout faire…). Seulement 20 % du tronc peut être exploité après qu’il ait été stocké et séché pendant deux ans.

Ce bel objet, pouvant aller de 95 à 780 euros, obtenu le « prix du public » en novembre 2022 lors du salon Made in France.

« Quand j’ai démarré, le morta était très peu connu. Il était un peu exploité comme bois de chauffage mais, à part ça, il n’intéressait pas grand monde. Depuis, ce bois unique attire et notre activité s’est beaucoup développée, plus vite que prévu en tout cas », explique ce passionné qui compte développer son entreprise en s’installant dans des locaux plus vastes et fonctionnels, avec ses huit employés.

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