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La bombe à retardement des déchets plastiques pour les investissements

Dans un contexte de pandémie et de guerre en Ukraine, les investisseurs s’inquiètent de la place prépondérante du plastique. Ces événements ont attiré l’attention des gestionnaires de fonds sur la perturbation de la chaîne d’approvisionnement et les risques pour la sécurité énergétique. Pourtant, alors que le monde continue de se noyer sous les déchets d’emballage, les secteurs public et privé pourraient s’en prendre à de gros utilisateurs comme PepsiCo, Coca-Cola ou encore Mars.

Quatre ans après que les géants des biens de consommation ont signé des objectifs de réduction volontaires dans le cadre du New Plastics Economy Global Commitment, les progrès sont décevants. Les données de la Fondation Ellen MacArthur montrent que les emballages utilisés par des entreprises comme PepsiCo, Mars et Coca-Cola ont augmenté leur utilisation de plastique vierge, fabriqué à partir de combustibles fossiles plutôt que de matériaux recyclés, de 5 %, 3 % et 11 % respectivement entre 2019 et 2021. Il est donc peu probable qu’ils puissent respecter leurs engagements de réduire son utilisation de 5 %, 20 % et 25 % d’ici 2025.

Les grands utilisateurs de plastique progressent également de manière insuffisante dans l’utilisation de matériaux recyclés. Ce dernier ne représente que 10 % des emballages plastiques utilisés par les signataires du pacte. Les contenants réutilisables, la forme d’emballage la plus respectueuse de l’environnement, ne représentaient que 1,2 % du total en 2021, et ce chiffre est en baisse.

Echec du recyclage du plastique

Malgré les efforts des citoyens pour trier le plastique usagé pour la collecte, en particulier en Europe, seulement 9 % sont réellement recyclés chaque année, selon l’Organisation de coopération et de développement économiques. Aux États-Unis, 73 % des déchets plastiques finissent dans des décharges, où il faut jusqu’à 500 ans pour se décomposer. Le reste est incinéré ou échoué sur les côtes des pays en développement. Cela ne fera que s’aggraver car la demande annuelle d’environ 450 millions de tonnes par an devrait tripler d’ici 2060.

Résoudre le défi du plastique est complexe et coûteux. Le plastique est disponible en différents types qui ne peuvent pas être regroupés. Certains matériaux ou additifs rendent le recyclage difficile. Remplacer le plastique par un matériau biodégradable peut coûter cher. L’utilisation de plastique recyclé, bien que moins énergivore que la création de plastique vierge, peut coûter plus cher dans l’ensemble.

Pourtant, après s’être engagées à agir, les grandes entreprises se trouvent dans une position vulnérable. Danone fait face à une contestation judiciaire concernant son utilisation du plastique. En mars, 175 gouvernements ont convenu d’élaborer des lois contraignantes pour mettre fin à la pollution plastique d’ici fin 2024. Environ 70 % des citoyens interrogés l’année dernière dans 34 pays souhaitent de nouvelles règles anti-plastiques.

L’attention accrue des investisseurs européens à la durabilité signifie qu’ils sont plus susceptibles d’appliquer des pressions sur les retardataires nationaux. Dans le pire des cas, les entreprises pourraient faire face à une facture annuelle collective de 100 milliards d’euros si les législateurs leur demandaient de couvrir intégralement les coûts de gestion des déchets, selon le PEW Charitable Trusts.

Des objectifs à la traine

Les représentants de 175 pays ont approuvé en mars une résolution historique visant à élaborer des instruments internationaux juridiquement contraignants pour mettre fin à la pollution plastique. Les négociations sur les nouveaux instruments juridiques ont débuté le 28 novembre dans le but de finaliser un accord contraignant d’ici 2024.

L’Allemagne demandera aux fabricants de produits contenant du plastique à usage unique de contribuer au coût de la collecte des déchets dans les rues et les parcs à partir de 2025 en versant à un fonds central géré par le gouvernement. En 2008, les Pays-Bas ont introduit une taxe sur la gestion des déchets d’emballages.

Les entreprises signataires du New Plastics Economy Global Commitment lancé par la Fondation Ellen MacArthur et le Programme des Nations Unies pour l’environnement en 2018, qui incluent PepsiCo, la société Coca-Cola, Nestlé, Danone et Unilever, risquent de rater plusieurs, voire la totalité de leurs objectifs pour lutter contre la pollution plastique. C’est selon le rapport d’étape de la Fondation Ellen MacArthur publié en novembre.

L’utilisation collective de plastique vierge par les signataires du pacte anti-plastique a augmenté de 2,5 % en glissement annuel pour atteindre 11,9 millions de tonnes métriques en 2021, ce qui la ramène au même niveau qu’en 2018. Parallèlement, la part de plastique réutilisable dans les emballages est tombé à une moyenne de 1,2 % du total, selon le rapport.

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