Dimanche 2 octobre 2022, les Brésiliens sont appelés aux urnes pour le premier tour des élections présidentielles. Face au revenant Lula, le sortant Bolsonaro laisse derrière lui un bilan environnemental peu reluisant.
C’est l’heure du bilan pour Jair Bolsonaro, quatre ans après le début du premier mandat de Jair Bolsonaro, qui en espère un deuxième, face à son rival Lula.
« Il n’y aura pas un centimètre supplémentaire de terres indigènes », promettait Jair Bolsonaro à l’automne 2018. Il assurait par ailleurs que « celles déjà reconnues (soit environ 13 % du territoire brésilien) seraient ouvertes à l’exploitation minière et à d’autres activités économiques ».
Des années de déforestation
L’Amazonie est un immense réservoir de biodiversité de 6 millions de km², dont 63 % se trouvent au Brésil. Après avoir atteint un record de 28 000 km² en 2004, la déforestation en Amazonie était retombée à 4 000 km² à la fin des années 2010. puis elle est retombée à 7 000 km² en 2017. Entre août 2020 et juillet 2021, 13 000 km² de forets ont été rasés sous Bolsonaro, selon les données de l’Institut national de recherche spatiale (INPE).
« La déforestation annuelle moyenne a augmenté de 75 % depuis son arrivée au pouvoir par rapport à la décennie précédente », indique Boris Patentreger, directeur France de Mighty Earth, ONG qui agit pour la protection des forêts tropicales.
Selon Plinio Sist, directeur de l’unité Forêts et Sociétés au Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (Cirad), c’est cependant en 2004 que la forêt amazonienne a connu sa pire année, avec près de 24 000 km² déforestés.
« Lula avait par la suite réussi a baisser drastiquement cette déforestation, jusqu’à la stabiliser autours des 4 000 km² par an à la fin des années 2010 », explique Plinio Sist.
Lula vs Bolsonaro
« Sa stratégie reposait sur trois piliers. D’abords l’instauration d’un système robuste de suivi de la déforestation, notamment satellitaire, confié à l’INPE. Ensuite, l’envoi immédiat d’agences environnementales, dont l’Institut brésilien de l’environnement et des ressources naturelles renouvelables (Ibama) pour vérifier sur le terrain ces déforestations et verbaliser les contrevenants. Et enfin, troisième pilier consistait à veiller à ce que les amendes soient payées. La déforestation était repartie à la hausse ensuite, sous le deuxième mandat de Dilma Roussef, du parti travailliste comme Lula, et plus encore sous celui de Michel Temer à partir de 2016. 7 000 km² de forêts avaient ainsi été détruits en 2017 ».
D’après Plinio Sist, c’est bel et bien sous Bolsonaro que la déforestation s’est amplifiée : « On est retombé à des niveaux qui n’avaient plus été atteints depuis une dizaine d’années ».
« Les budgets du ministère de l’environnement ont été drastiquement réduits et il y a moins d’empressement à s’assurer que les amendes étaient bien réglées », précise l’écologue du Cirad.
Quant aux déboiseurs, ils auraient cherché à « profiter de leur impunité jusqu’au bout ».