Les conséquences du réchauffement commencent à se faire sentir à travers le monde entier.
En France, la météo n’est pas en reste : depuis plusieurs jours une sécheresse particulièrement précoce s’abat sur le pays et, les agriculteurs et les acteurs de l’agroalimentaire, industrie particulièrement gourmande en eau, commencent sérieusement à s’inquiéter.
Alerte sur ces questions, le « Collectif eau propre », s’est constitué depuis 2019 au sein de l’association bretonne des industries agroalimentaires (ABEA), un puissant réseau qui regroupe près de 200 entreprises et plus de 50 000 salariés dans la région.
Pour réduire leur consommation d’eau et préserver la ressource, ces acteurs prônent le développement de la Reuse, une solution permettant de réutiliser les eaux usées traitées.
La France à la traîne
Par crainte d’un scandale sanitaire, la France est particulièrement en retard dans ce domaine, par rapport à certains de ses voisins européens. La réglementation est en effet très stricte pour les entreprises de l’agroalimentaire : « Nous ne pouvons utiliser que de l’eau potable dans le process alimentaire, pour nettoyer les lignes de production par exemple », explique Clothilde d’Argentré, cheffe de projets environnement au sein de l’ABEA. « Après traitement, la réutilisation de ces eaux usées n’est ensuite possible que pour le lavage extérieur des camions, le refroidissement des chaudières ou l’arrosage des pelouses par exemple », ajoute-t-elle.
Pourtant il existe, selon l’ABEA, des solutions, pour traiter et filtrer ces eaux, comme c’est le cas en Belgique ou en Espagne.
Au Canada, par exemple, une brasserie a développé une bière à partir d’eaux usées.
L’ABEA milite pour autoriser cette Reuse en France afin de faire des économies considérables d’eau : « Après un sondage auprès de 28 sites agroalimentaires bretons, on a identifié 2,5 millions de mètres cubes d’eau potable, soit l’équivalent de plus de 800 piscines olympiques », précise Clothilde d’Argentré.
Mais « le développement de projets de Reuse en alimentaire est aujourd’hui au point mort », regrette l’ABEA. « Alors que la souveraineté alimentaire est un enjeu plus que jamais d’actualité, qu’attendons-nous pour faire confiance aux entreprises et adopter les solutions pragmatiques qui contribueront à rendre notre chaîne alimentaire plus résiliente ? », demande Olivier Clanchin, président de l’ABEA.
Ce PDG du groupe agroalimentaire Olga appelle les autorités « à faire preuve de bon sens, pour que les projets de réutilisation de l’eau propre dans les entreprises agroalimentaires bretonnes puissent être débloquées au vite ».