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Quand les technologies se mettent au service de la forêt

technologies au service de la forêt

De nombreuses espèces d’arbres présentes en France souffrent du dérèglement climatique. Pour préparer et préserver l’avenir de nos forêts, chercheurs et forestiers s’associent pour co-développer des solutions à la pointe de l’innovation. Focus sur trois technologies. 

Le changement climatique menace la forêt française ; le constat ne fait pas débat. Mais de quelles surfaces parle-t-on ? De quelles espèces de végétaux, de quelles essences d’arbres ? Et dans quelle mesure ces peuplements forestiers seront-ils – ou sont-ils déjà – victimes du réchauffement du climat ? C’est pour répondre à ces questions vitales – et bien d’autres encore – que l’IGN, l’Institut national de l’information géographique et forestière, a lancé voici quelques années un ambitieux programme de cartographie des quelque 182 000 km2 que recouvrent les forêts métropolitaines et d’Outre-mer (hors Guyane). Baptisé LIDAR (pour « Light Detection And Ranging »), le projet court jusqu’en 2025 et est doté d’un budget prévisionnel de 60 millions d’euros. 

Le LIDAR, cette technologie qui révèle ce que l’on ne voit pas à l’oeil nu

Véritable saut technologique, le programme LIDAR repose sur un scanner embarqué dans un avion qui, grâce à un signal infrarouge à haute fréquence, permet de recevoir les échos venus du sol et d’offrir aux forestiers de précieuses ressources sur la composition et la structure de la forêt. Une fois achevée, cette fine cartographie – on parle de 10 points par mètre carré en moyenne – permettra un meilleur suivi des défrichements et coupes rases, ou encore des zones malades à repeupler ou de celles sujettes aux feux de forêts. En parallèle d’un travail de terrain, qui demeurera nécessaire, la technologie LIDAR permettra donc d’évaluer avec exactitude et rapidité la biomasse forestière sur de grandes surfaces.

Grâce à ses impulsions infrarouges traduites en relevés 3D, « le LIDAR permet de voir ce que l’on ne voit pas à l’oeil nu, en particulier la structure de la forêt, et offre un gain de temps aux forestiers qui font des relevés de terrain », explique Alain Gervaise, de l’IGN. Cette technologie de pointe, qui sera déployée sur une période de cinq ans, permettra en outre de répondre aux besoins de nombreuses politiques publiques en lien avec la forêt et qui seront, pour la plupart, impactées par le changement climatique : connaissance et gestion de la ressource forestière, bien-sûr, mais aussi préservation de la biodiversité, aménagement du territoire, prévention des risques naturels, transition énergétique, gestion des parcelles agricoles, etc.

La télédétection par drone pour traquer les scolytes depuis le ciel

Si les conséquences du réchauffement climatique font peser, à moyen et long termes, de lourdes menaces sur les forêts françaises, certaines d’entre-elles se font d’ores et déjà ressentir. Ainsi de la multiplication, dans les cultures de pin maritime, des scolytes, ces petits scarabées qui pullulent à mesure que les températures augmentent. C’est pour lutter contre ces féroces ravageurs que le gestionnaire forestier Julien Goullier-Lagadec, soutenu par la section spécialisée pin maritime de France Bois Forêt et la Région Nouvelle-Aquitaine, a mis au point un ingénieux système de télédétection aérienne : SylvAid. Efficace et économique, le système repose sur un drone professionnel équipé d’un capteur multispectral dont « l’intérêt (…) est qu’il travaille à la fois dans la lumière visible et dans d’autres longueurs d’ondes comme l’infrarouge. Ce qui affine la détection », explique le gestionnaire forestier Julien Goullier-Lagadec. Labellisé par Xylofutur, le pôle de compétitivité de la filière forêt-bois, SylvAid a d’abord été déployé dans le massif des Landes de Gascogne, mondialement connu pour ses forêts de pins. 

Une « centrifugeuse » pour mesurer la résistance des arbres au climat de demain

Enfin, toujours dans le Sud-Ouest, c’est en plein centre de Bordeaux que des chercheurs de l’INRAE (Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement) se penchent sur la manière dont les arbres résisteront aux conditions climatiques du futur, au premier rang desquelles la sécheresse. Grâce à des capteurs quantifiant la sève, ceux-ci sont capables de déterminer dans quelle mesure les arbres étudiés « transpirent » et résistent à l’absence d’eau. Objectif : savoir « quelles sont les espèces qui pourront s’adapter, répondre le mieux à une sécheresse plus intense, donc à un climat futur, en 2080 où il fera plus sec et plus chaud », selon Sylvain Delzon, directeur de recherche à l’INRAE. Plusieurs dizaines de milliers de pins ayant, en quelque sorte, passé les tests avec succès, ont déjà été implantés au sein d’une parcelle expérimentale au sud de la métropole bordelaise. Ou comment la technologie peut permettre à l’homme de préserver et de sauvegarder, pour les générations futures, le berceau dans lequel il est né : la forêt. 

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