L’industrie vestimentaire s’est distinguée ces dernières années par l’émergence d’enseignes grand public proposant des habits à prix cassés et qui sont devenues avec le temps de véritables empires (Zara, H&M, Topshop etc.). En parallèle, des marques chinoises (Shein etc.) en ligne, dont les ventes ont explosé à la faveur du Covid, tracent leur sillon dans la mode éphémère. Dans une nouvelle vidéo Broute, l’équipe de Bertrand Usclat pointe du doigt les conséquences de cette fast fashion, reposant essentiellement sur l’achat compulsif. La vidéo dénonce par ailleurs le coût social et économique derrière cette tendance : une production à bas coût et non régulée, une pollution massive des sols, des matières premières de faible qualité, et des vêtements de piètre facture que le consommateur finit par jeter.
LVMH s’engage
Cependant, le rejet de ce gaspillage prend de plus en plus d’ampleur parmi les consommateurs, notamment les millenials qui aspirent à un nouveau modèle de consommation. Même son de cloche du côté des professionnels du secteur qui entendent lutter contre cette tendance : « C’est à nous d’inventer nos propres structures collaboratives et éthiques, nous n’avons pas d’autre choix, explique au journal Le Monde Idriss Bellouti, diplômé d’une école de mode. La ‘fast fashion’ a abruti le monde entier et il faut reconscientiser les gens sur le travail qu’il y a derrière un vêtement ». Certains couturiers n’ont d’ailleurs pas attendu ces excès pour modifier radicalement leur mode de production, comme la créatrice britannique Stella Mc Cartney qui rappelait récemment que l’équivalent d’un camion-poubelle de textiles est incinéré chaque seconde dans le monde.
Certaines grandes enseignes de luxe se sont par ailleurs distanciées de ce phénomène, invoquant un business model radicalement différent et une approche des produits à rebours de la consommation compulsive de la fast fashion. « On fabrique en petites séries et la quasi-totalité de nos maisons a peu ou pas d’invendus, précise à ce propos Hélène Valade, directrice du département Développement Environnement du groupe LVMH. C’est d’ailleurs l’une des raisons pour lesquelles on a décidé de ne pas signer le Fashion Pact (série d’engagements signés par plusieurs entreprises de la mode en 2019). On respecte les maisons qui l’ont signé, mais on ne fait pas le même métier que la fast fashion ; il ne viendrait à l’idée de personne de comparer un fast-food et un restaurant étoilé ». Le leader mondial du luxe LVMH a d’ailleurs fait des annonces fortes dans ce sens : le groupe aux 75 marques s’est engagé l’année dernière à ne plus utiliser d’emballages plastique, à réduire de 50% ses émissions de carbone et enfin à fournir ses boutiques et sites à 100% en énergie renouvelable d’ici 2026.
En attendant de nouvelles normes européennes
« Nous devons être exemplaires et montrer le chemin pour créer des produits dont la haute qualité est aussi environnementale : des produits conçus à partir de matières biosourcées et innovantes, en collaboration avec des fournisseurs responsables, qui pratiquent par exemple l’agriculture régénératrice » explique de son côté Antoine Arnault, administrateur de LVMH, dans les Échos. « Nous avons dix ans pour prévenir la crise climatique », alertait également en 2020 le président de l’Oréal Jean-Paul Agon. L’Oréal a réduit drastiquement sa consommation d’eau et obtenu une réduction de 80 % des émissions de CO2 depuis 2013. D’ici 2025, cette réduction s’appliquera également à l’ensemble de ses bureaux, de ses usines et de ses centres de recherche.
La réutilisation et le recyclage des vêtements s’imposent de plus en plus et est à l’ordre du jour au niveau des instances européennes. La Commission européenne a initié en 2021 une feuille de route sur l’avenir des textiles durables et la nécessité de garantir la relance circulaire de l’industrie au lendemain de la pandémie de Covid-19.