Il avait terminé 11e lors de la première course du Vendée Globe en 2020-2021. Pour l’édition 2024, le skipper Armel Tripon devrait mettre les voiles avec un nouveau sponsor et surtout, un bateau d’un tout nouveau genre, fabriqué en carbone entièrement recyclé, dont la construction devrait débuter en juin 2022, pour une mise à l’eau à l’été 2023.
Collaboration avec Airbus : une première dans le monde du nautisme
Son bateau racheté par le navigateur Louis Burton, Armel Tripon avait vite rebondi : « Le Vendée Globe s’est fini assez vite, et j’ai très vite tourné la page, c’était brutal. J’étais super content de cette expérience, c’est assez inouï. Et j’ai envie d’y retourner. De repartir pour 2024 avec un projet un peu décalé ».
« On a pu rencontrer Airbus, à Nantes. Eux cherchaient aussi à développer d’autres débouchés technologiques que leurs avions. Et avec la classe Imoca, on a proposé de construire un premier bateau à partir de tout le carbone en fin de vie, en fin de date de validité, chez Airbus », indiquait Armel Tripon.
D’après les explications du navigateur, Airbus maintiendrait du carbone destiné à la construction des avions dans des congélateurs, et des quantités de matériaux qui n’ont pas été utilisés après la date de péremption sont envoyés à l’enfouissement.
Selon Vincent Lauriot-Prévost, le cofondateur de VPLC, cabinet d’architecture navale : « Il s’avère que les normes aéronautiques chez Airbus sont très contraignantes, des carbones sont déclassés à partir d’une certaine date, ils partent à la destruction ».
« Tous ces matériaux sont très proches de ceux utilisés dans le nautisme où on n’a pas les mêmes contraintes. On peut faire quasiment 100 % d’un bateau avec ces matériaux-là ».
Nouvelles perspectives
L’architecte naval précise tout de même que quelques concessions seront à faire : une structure un peu plus lourde, notamment. Deux à trois tonnes de carbone sont en effet nécessaires pour construire un Imoca (monocoque de 18,28 mètres).
« Ça ouvre des perspectives. Ça pourrait être une opération pilote pour une utilisation plus large de matériaux déclassés pour le grand public et l’industrie. C’est aussi un message fort : on peut faire de la course au large à un niveau de compétitivité maximum en détournant des matériaux destinés à être détruits », a déclaré Lauriot-Prévost
Un projet comme celui-ci n’avait encore jamais été exploité dans le milieu nautique. Le skipper n’a plus qu’à trouver des investisseurs pour financer les « deux millions d’euros par an » que demande cette innovation pour la protection de la planète.