En 2009, une équipe de scientifiques conduite par Johan Rockström, pour le Stockholm Resilience Center, fixe neuf « limites planétaires ». L’idée est simple. Depuis 10 000 ans, et le début de l’holocène, la Terre a connu une relative stabilité dans ses constantes environnementales.
Quatre limites sur neuf franchies en 2015, de forts soupçons pour deux autres
Mais l’être humain est en train de bousculer cet équilibre. Le Stockholm Resilience Center a donc choisi neuf données, avec un seuil à ne pas dépasser, sous peine d’un bouleversement profond de l’ensemble de l’écosystème planétaire.
Dès 2015, les équipes du Stockholm Resilience Center annonçait la mauvaise nouvelle. Des neuf limites, quatre avaient déjà été franchies :
- Le changement climatique
- La baisse de la biodiversité
- Les perturbations globales du cycle de l’azote et du phosphore
- Les changements d’utilisation des sols
Sur les cinq autres, l’état de deux restaient inconnues, car trop difficiles à mesurer. A savoir :
- L’augmentation des aérosols dans l’atmosphère
- L’introduction de nouvelles substances
Mais l’état des connaissances ne rendaient guère optimistes sur les résultats, si une analyse précise devenait possible. Enfin, trois catégories restaient assez similaires au niveau du reste de l’holocène :
- L’acidification des océans
- L’utilisation de l’eau douce
- La dégradation de la couche d’ozone
Une cinquième limite, celle de « l’introduction de nouvelles substances », a bien été franchie, et plus que largement
Ce 18 janvier 2022, le Stockholm Resilience Center a mis à jour ces données. Une évaluation fiable de « l’introduction de nouvelles substances » (plastiques, microparticules, produits chimiques) est enfin disponible. Et le résultat est désastreux. Avec le cycle de l’azote et du phosphore, il s’agit de la limite la plus fortement dépassée.
Le rapport pointe ainsi que “production de produits chimiques a été multipliée par 50 depuis 1950. Et elle devrait encore tripler d’ici 2050″. “Le rythme auquel les sociétés produisent et libèrent de nouveaux produits chimiques et d’autres nouvelles substances dans l’environnement ne permet pas à l’humanité de vivre dans un espace sûr et fonctionnel”, détaille Patricia Villarubia-Gómez, co-autrice du rapport.
Craintes sur le taux d’aérosols et l’acidification des océans
Pour le taux d’aérosols dans l’atmosphère, il semble plus que probable que la limite ait déjà été franchie. Pour la dégradation de la couche d’ozone, l’action coordonnée de tous les gouvernements du monde (le protocole de Montréal de 1987, amélioré par cinq autres traités, est aujourd’hui ratifié par tous les Etats du monde) a permis d’écarter pour l’instant ce danger.
L’utilisation de l’eau douce est à surveiller, mais ne semble pas encore poser soucis à court terme. En revanche, l’acidification des océans, provoquée notamment par l’accumulation de CO2 dans l’atmosphère et les perturbations du cycle de l’azote, devrait continuer de s’aggraver dans les années à venir.