Une étude récente de l’Arcep et de l’Ademe analyste l’impact du numérique dans l’empreinte carbone de la France. Une occasion de rappeler qu’en matière d’écogestes, les plus médiatisés ne sont pas forcément les plus déterminants – et que le numérique n’est pas le secteur le plus crucial.
Vous avez forcément vu passer récemment une campagne sur l’impact carbone de nos usages numériques. Avec leur lot de recommandations : préférer le WiFi à la 4G/5G quand vous regardez des vidéos ou que vous streamez, bien vider votre boîte mail, rédiger le nom complet d’un site dans votre barre de navigation plutôt que passer par un moteur de recherche, fermer les applications en arrière-plan, réduire la définition des vidéos que vous regardez, faire du ménage dans votre stockage cloud dans des data-centers…
Les écogestes dans le numérique ont un impact carbone, mais bien moindre que dans d’autres secteurs
Certes, tous ces petits gestes permettent bien de réduire votre consommation de données ou d’électricité. Ils contribuent donc à réduire votre empreinte carbone. Mais une étude de l’Arcep et de l’Ademe, publiée ce 19 janvier 2022, révèle que le numérique ne pèse que pour 2,5% de l’empreinte carbone de la France.
Certes, ce n’est pas neutre, et des efforts doivent être fait pour limiter ces émissions. Mais il faut aussi mettre ce chiffre en perspective avec d’autres secteurs. En 2019, les transports représentaient environ 40% des émissions de CO2 de la France. L’industrie manufacturières 20%. Le bâtiment (logement, tertiaire, commerce), hors numérique, près de 20%. Concernant le méthane, l’agriculture est responsable à elle seule de 70% des émissions française.
Qui plus est, même sur le numérique, l’impact carbone le plus fort est celui des équipements. « Des trois composantes du numérique qui constituent le périmètre de l’étude, ce sont les terminaux (et en particulier les écrans et téléviseurs) qui sont à l’origine de 65 à 90 % de l’impact environnemental, selon l’indicateur environnemental considéré », pointe le communiqué de presse de l’Arcep et de l’Ademe.
Pour le climat, il vaut nettement mieux moins prendre sa voiture que moins regarder YouTube
Construire un appareil électronique est terriblement énergivore. Extraire les matières premières nécessaires à sa fabrication également. Le transport des matières premières, composants et produits finaux impose par ailleurs souvent des trajets d’un bout du monde à l’autre.
Au final, réduire l’impact carbone de ses usages numériques est certes un écogeste. Mais son effet est beaucoup plus réduit, dans le champ du numérique, que limiter son achat d’appareils neufs.
Et il parait encore plus dérisoire devant des écogestes dans les secteurs les plus polluants. Moins utiliser sa voiture ou l’avion, réduire sa consommation de viande ou moins chauffer son logement feront donc nettement plus de bien à l’environnement que moins regarder de vidéos sur YouTube…