Responsabiliser les acteurs du numérique, des consommateurs aux professionnels du secteur : c’est l’objectif de la proposition de loi visant à réduire l’empreinte environnementale du numérique en France, définitivement adoptée au Sénat le 2 novembre dernier. A l’heure où s’achève la COP 26, et où l’urgence de réduire les émissions se fait de plus en plus sentir, cette loi représente un pas majeur pour réduire l’empreinte carbone du numérique.
Pour les auteurs de la loi, il s’agit d’abord de “se donner les moyens d’atteindre les objectifs climatiques fixés par l’Accord de Paris”, comme le rappelle dans une tribune à Ouest France Guillaume Chevrollier, sénateur LR de Mayenne. Pour ce co-auteur du texte, “le premier des enjeux, c’est la sensibilisation du grand public et des jeunes pour un usage vertueux”. Une nécessité, alors que les émissions du numérique sont en forte croissance, et pourraient atteindre 7% du total des émissions de la France, contre 2% actuellement. Autre objectif, non moins important pour empêcher cette hausse des émissions liées au numérique : “limiter le renouvellement des terminaux”, en augmentant “leur durée de possession et donc de vie”. Les équipements personnels des consommateurs (ordinateurs, smartphones, tablettes, objets connectés, GPS…) comptent en effet pour 47% des émissions de gaz à effet de serre générées par le numérique, selon les chiffres de l’ADEME. Et la facture pourrait continuer à s’alourdir, à l’heure où le nombre d’équipements par personne en Europe occidentale croit d’année en année : il est passé de 5,3 en 2016 à 8,9 en 2021.
Pour limiter les émissions, une durée de vie plus longue des équipements
La loi visant à réduire les émissions du numérique reprend donc une des préconisations de l’ADEME, qui insiste sur la nécessité de faire durer les équipements numériques. Il s’agit même du levier le plus efficace pour réduire leur impact : “passer de 2 à 4 ans d’usage pour une tablette ou un ordinateur améliore de 50% son bilan environnemental ” estime ainsi l’agence, qui rappelle par ailleurs que 88% des Français changent de portable alors que leur appareil fonctionne encore. Une aberration environnementale quand on sait que la phase de fabrication de ces objets s’avère plus énergivore que leur phase d’utilisation. La fabrication des smartphones, tablettes et autres ordinateurs représente ainsi 70% de l’empreinte carbone du numérique en France. La plupart des composants des appareils sont fabriqués dans des pays dont l’électricité est majoritairement issue du charbon, ce à quoi il faut aussi ajouter les émissions dues au transport.
Dès lors, comment mener à bien ce changement dans les usages, nécessaire pour prolonger la durée de vie des équipements numériques ? Privilégier les appareils reconditionnés est une première piste. D’autant que ceux-ci deviennent de plus en plus accessibles. S’il est toujours possible de les acheter sur Internet auprès de géants du secteur, il est désormais possible de se les procurer en magasin, comme le proposent les boutiques du réseau français Hubside.Store. L’entreprise est à l’initiative d’une opération solidaire, le “Hubside.Store Change Together”, qui vise à inciter les Français à donner une seconde chance à leurs smartphones inutilisés. Une opération de collecte qui bénéficie aux Ateliers du Bocage et à Emmaüs Connect. Surfant sur l’économie circulaire, les magasins proposent aussi un service de réparation et de recyclage. Une démarche qui pourrait faire des émules ?
La route menant à un usage plus durable du numérique reste longue. C’est une véritable révolution qui doit être menée. D’après une étude sur les Français et le réemploi menée par Hubside.Store, 56% des Français déclarent posséder entre 1 et 3 appareils non utilisés au sein de leurs foyers. La loi visant à réduire l’empreinte environnementale du numérique a pour ambition d’ouvrir la voie à une consommation plus raisonnée. Pour inciter les Français à penser aux appareils de seconde-main, les smartphones et tablettes reconditionnés seront soumis à un taux spécifique et différencié de redevance pour copie privée (RDC), par rapport aux appareils neufs. Le texte prévoit aussi des objectifs contraignants de recyclage et de réparation. De quoi accélérer le changement des usages, et avancer vers un numérique plus propre.