Ce 21 octobre 2021, la BBC explique avoir eu accès, via une fuite, à 32 000 commentaires envoyés par des gouvernements, entreprises, scientifiques ou autres personnes au cours de la rédaction du dernier rapport du Giec. Ces documents révèlent notamment que plusieurs Etats ont tenté de changer (à leur avantage) la teneur du rapport. Sans succès.
Certaines fuites semblent plus opportunes que d’autres. Celle de ce 21 octobre 2021, qui a permis à la BBC de mettre la main sur 32 000 commentaires envoyés au Giec durant la rédaction de son dernier rapport, tombe à pic, à 10 jours de la COP26. Une conférence durant laquelle certains gouvernements ou Etats risquent fort de vouloir dissimuler ou refuser certaines données climatiques qui n’arrangent pas leurs choix économiques, via un intense lobbying s’il le faut.
L’Argentine et le Brésil tentent de censurer les passages du rapport du Giec sur l’impact carbone de la viande bovine
En tout cas, plusieurs puissances économiques de premier plan ont tenté de modifier la teneur de certains articles du dernier rapport du Giec (dont la première partie a été dévoilée voici quelques semaines, et dont la publication s’achèvera courant 2022).
Parmi tous les exemples cités, on retrouve le Brésil ou l’Argentine, parmi les principaux producteurs de viande bovine au monde, réclamant la suppression du passage indiquant que « les régimes à base de plantes peuvent réduire les émissions de gaz à effet de serre jusqu’à 50 % par rapport au régime occidental moyen à forte intensité d’émissions », ou bien des passages décrivant le boeuf « comme un aliment ‘à forte teneur en carbone’ » ou proposant de taxer la viande bovine.
« Si les commentaires relèvent du lobbying, s’ils ne sont pas justifiés par la science, ils ne seront pas intégrés dans les rapports du GIEC »
Un haut responsable australien a également demandé la suppression d’une partie de la conclusion du rapport disant que la fermeture de toutes les centrales au charbon était nécessaire, ou la mention de l’influence des lobbys pétroliers sur la politique climatique australienne. Le gouvernement saoudien a réclamé, quant à lui, que le rapport censure une expression comme « la nécessité d’actions d’atténuation urgentes et accélérées à toutes les échelles ».
Le plus rassurant, dans cette fuite, c’est de voir la robustesse du Giec, dans son fonctionnement, pour interdire toute action de lobbying de ce type. « Il n’y a absolument aucune pression sur les scientifiques pour accepter les commentaires. Si les commentaires relèvent du lobbying, s’ils ne sont pas justifiés par la science, ils ne seront pas intégrés dans les rapports du GIEC », expose ainsi à la BBC Corinne le Quéré, qui a participé à la rédaction de plusieurs rapports du GIEC.