La Commission Européenne travaille à la mise en place d’un label « Agriculture Biologique » pour la production de sel. Mais ce projet inquiète fortement… les producteurs français de sel marin de la côte Atlantique ! En effet, l’Union Européenne envisage d’ouvrir ce label Bio à toutes les méthodes de production du sel. Y compris les mines ou l’industrie. Loin des procédés artisanaux utilisés à Ré, Guérande ou Noirmoutier.
Les tenants d’une production alimentaire artisanale opposés à un label Bio ? L’information pourrait paraître paradoxale, c’est pourtant cette question qui agite actuellement les producteurs de sel marin du littoral Atlantique. En cause : la volonté de la Commission Européenne d’étendre le label Agriculture biologique (AB) aux sels destinés à l’alimentation humaine et aux aliments pour animaux, «considérés comme des produits proches de l’agriculture».
Le futur label Bio de la Commission Européenne risque d’inclure le sel produit par l’industrie ou les mines
Rien de bien alarmant, les exploitants de marais salants pourraient même espérer mieux se différencier des autres sels. Seulement, la Commission Européenne envisage sérieusement d’inclure dans ce label toutes les techniques de production existantes. Y compris les sels produits par des procédés industriels ou extraits de mines. De ce fait, un industriel respectant à la lettre le cahier des charges de l’Union pourrait apposer le label Bio à son sel.
De quoi inquiéter fortement l’Association des producteurs de sel marin de l’Atlantique. Cette association regroupe les 600 petits paludiers des îles de Ré, de Noirmoutier et de la presqu’île de Guérande, associés aux sauniers d’Oléron, de la Seudre, de l’île d’Olonne et du marais breton. “On représente moins de 1% de la quantité de sels qui est produite en France. Notre créneau est surtout le sel alimentaire et on base notre stratégie sur la qualité », pointe un saunier de l’île de Ré.
Forte inquiétude des producteurs de sel marin de l’Atlantique
Ils craignent que ce label crée une confusion dans l’esprit des consommateurs. Pour l’heure, la labellisation « sel marin ramassé à la main » les met en avant. Mais demain ? “Le problème, ce qu’il va y avoir énormément de petits pots qui seront similaires à celui-là avec un petit bonhomme qui récolte à la main. Le bio pourrait participer justement à effacer la différence entre un sel produit traditionnellement comme on le fait, et des sels de grandes industries polluantes, énergivores”, expose le même saunier.
Une discussion aura lieu sur le sujet la semaine prochaine à Bruxelles, entre la Commission et le Conseil Européen. En se mobilisant, les producteurs de sel marin veulent contraindre la France à porter leur voix face à la Commission.
Cette affaire souligne une nouvelle fois les ambigüités des labellisations, en particulier le bio. Elles ne garantissent en effet pas toujours un impact réduit sur les sols et l’environnement. Et peuvent induire certains consommateurs en erreur. Certains militent d’ailleurs pour expliciter les méthodes de production de chaque produit alimentaire. Complexe à mettre en oeuvre, mais sans doute plus juste qu’un simple label.