TotalEnergies veut s’associer avec Air Liquide pour capter le CO2 de son unité de production d’hydrogène par vapo-reformage du gaz naturel, à Gonfreville-l’Orcher, en Normandie. Air Liquide opère déjà à proximité, à Port-Jérôme, une unité utilisant cette technologie de capture de carbone, sur le site où l’industriel envisage d’installer sa future usine d’hydrogène vert, H2V Normandy. L’ensemble pourrait donc former l’un des plus vastes réseaux de production d’hydrogène bas carbone.
Air Liquide et TotalEnergies veulent verdir leur production d’hydrogène en Normandie, en Seine Maritime. Actuellement, Air Liquide opère déjà une unité de production d’hydrogène par vapo-reformage du gaz naturel (en anglais « steam methane reforming« , ou SMR) sur la zone industrielle de Port-Jérôme, près de Lillebonne. Un SMR fait réagir le méthane (CH4) contenu dans le gaz naturel avec de la vapeur d’eau (H20). Après plusieurs réactions, l’ensemble forme de l’hydrogène H2 sous pression pur à 99,9%, et du CO2.
Air Liquide et Total s’associent pour capter et stocker le CO2 de leur production d’hydrogène par vapo-reformage
Mais Air Liquide a équipé ce SMR de sa solution Cryocap, qui permet de capter ce CO2. Limitant ainsi l’impact carbone de cette production d’hydrogène sous pression (hydrogène « bleu »). Or, à une trentaine de kilomètres de Port-Jérôme, sur le site de sa raffinerie de Gonfreville-l’Orcher (près du Havre), TotalEnergies exploite un autre SMR, cette fois sans capture de CO2 (hydrogène « gris »). L’énergéticien envisage donc de s’associer à Air Liquide pour décarboner son unité de production.
Dans le détail, TotalEnergies céderait son SMR à Air Liquide. Ce dernier y installerait Cryocap, et TotalEnergies se chargerait ensuite du transport et du stockage du CO2 des deux unités (Port-Jérôme et Gonfreville). Il serait notamment envoyé vers deux sites de séquestration de carbone en mer du Nord, Northern Lights en Norvège et Aramis aux Pays-Bas.
Cette opération est actuellement soumise au processus légal d’information-consultation des représentants du personnel de TotalEnergies et à l’approbation des autorités compétentes.
Air Liquide devrait installer une usine d’hydrogène vert sur le même réseau, d’ici 2023
C’est justement à Port-Jérôme qu’Air Liquide devrait installer son usine H2V Normandy, d’ici 2023. Cette dernière produira de l’hydrogène à partir d’électrolyse de l’eau, grâce à de l’électricité renouvelable. Il s’agirait donc cette fois d’hydrogène « vert ». Ces trois unités de production pourraient donc à terme former un réseau de production d’hydrogène unique.
« Raccorder notre unité SMR au réseau hydrogène d’Air Liquide permettrait d’en optimiser les performances et de développer, à terme, le premier réseau hydrogène bas carbone du monde« , fait d’ailleurs valoir la direction de TotalEnergies à Gonfreville-l’Orcher.