Plus de la moitié des rivières du monde cessent de couler au moins un jour par an, selon la première carte mondiale détaillée du débit des rivières. Ce nombre devrait s’accroitre si les problèmes de changement climatique et de gestion de l’eau ne sont pas résolus.
De nombreuses rivières et ruisseaux ont des perturbations naturelles de leur débit – par exemple, les ruisseaux himalayens qui gèlent en hiver et les rivières sahariennes qui s’assèchent pendant de longues périodes entre les saisons des pluies. D’autres s’assèchent parfois lorsque trop d’eau est extraite pour l’irrigation des cultures ou d’autres usages humains.
Pour savoir combien de rivières ont des débits intermittents, Mathis Loïc Messager de l’Université McGill au Canada et ses collègues ont analysé les données de 5600 stations de mesure du débit des rivières dans le monde. Ensuite, ils ont utilisé l’apprentissage automatique pour prédire la probabilité de débits intermittents le long du reste du réseau fluvial mondial, en fonction du climat, du sol, de la géologie et d’autres facteurs environnementaux de chaque section.
À partir de là, ils ont estimé que l’eau cesse de couler pendant au moins un jour par an pour 60 % des 64 millions de kilomètres de rivières et de ruisseaux cartographiés dans le monde.
Encore plus de rivières pourraient commencer à s’assécher à l’avenir, car le changement climatique entraîne des sécheresses plus graves et plus fréquentes dans certaines régions, explique Ton Snelder de LWP, une société de conseil en gestion de l’eau en Nouvelle-Zélande, co-auteur de l’étude.
Accès à l’eau rendu plus difficile
Cela pourrait selon lui être exacerbé par des désaccords sur la façon de répartir l’eau des rivières. « Il existe des valeurs contradictoires sur la façon d’utiliser les ressources en eau dans à peu près tous les pays du monde », analyse-t-il.
Dans le même temps, le réchauffement climatique peut provoquer le flux continu de certaines rivières naturellement intermittentes. Par exemple, les rivières dans les climats généralement froids peuvent geler moins, explique Ton Snelder.
Ces changements dans les systèmes fluviaux pourraient affecter la biodiversité, dit-il. « L’équilibre peut basculer en faveur de certaines espèces et pousser d’autres à l’extinction locale. »
L’assèchement accru des rivières pourrait également rendre plus difficile pour certaines communautés l’accès à suffisamment d’eau pour la consommation, l’agriculture et d’autres utilisations importantes, explique Ton Snelder.
Les chercheurs espèrent que l’étude permettra à l’avenir de mieux surveiller les changements de débit des rivières et d’améliorer la régulation des rivières, par exemple en évitant de prélever trop d’eau dans les rivières à débit intermittent.