Les semaines passent et les arbres de la forêt amazonienne continuent de périr sous les assauts des pelles mécaniques. Un groupe de chercheurs vient de tirer une nouvelle fois la sonnette d’alarme en mettant la communauté internationale en garde : si aucune mesure de protection efficace n’est prise pour favoriser l’Amazonie, elle pourrait bien devenir une savane aride en moins de 50 ans.
Selon un groupe de chercheurs de l’université de Bangor, au Royaume-Uni, la notion de point de non-retour est capitale en matière de survie des écosystèmes. Une fois ce seuil dépassé, les changements de l’état des écosystèmes terrestres peuvent devenir pérennes. En d’autres termes, une fois que le point de non-retour est atteint, un grand écosystème comme celui de la forêt amazonienne peut disparaitre à une vitesse inattendue.
Dans un article publié dans la revue scientifique Nature Communications , les scientifiques estiment que l’Amazonie approche de ce point de basculement : la perte de 35% de sa surface pourrait déclencher son entière disparition en moins d’un demi-siècle.
Or, et c’est là que le bât blesse, la plus grande forêt tropicale du monde a d’ores-et-déjà perdu plus de 20% de sa surface au cours des dernières décennies. Depuis le début de l’exploitation de l’Amazonie, au début des années 70, la culture du bois, du soja, et de l’huile de palme et l’élevage bovin sont responsables de la disparition de plus d’un millions de kilomètres carrés de forêt amazonienne.
« L’humanité doit se préparer à des changements beaucoup plus vite qu’attendu. L’écosystème amazonien pourrait ainsi basculer dès l’an prochain », estime Simon Willcock, chercheur à l’université de Bangor et auteur principal de l’étude publiée dans Nature Communications.
Pire, la hausse de la fréquence des événements climatiques extrêmes menacent la survie de nombreux écosystèmes à travers la planète. Ces derniers sont littéralement au bord du précipice et l’équipe de Simon Willcock vise à sensibiliser les citoyens du monde à cette menace.
« Si l’on n’agit pas rapidement, nous pourrions être sur le point de perdre une des forêts tropicales les plus vastes et les plus diversifiées, qui évolue depuis 58 millions d’années et dont dépendent des dizaines de millions de personnes », précise Alexandre Antonelli, des Jardins botaniques royaux de Kew.
Autre écosystème majeur menacé : la barrière de corail caribéenne. La pollution et l’acidification des océans ont en effet endommagé de manière importante les coraux, poussant encore plus cet écosystème vers son point de non-retour. Si ce dernier est dépassé, la barrière corallienne des Caraïbes pourrait disparaître en 15 ans.